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La Psychogénéalogie : un héritage que l’on ne peut refuser…
Développée dès les années 1970, la Psychogénéalogie s’intéresse aux transmissions émotionnelles et comportementales au sein des familles.L’un des concepts majeurs de cette discipline repose sur l’idée que la charge émotionnelle d’événements marquants vécus par nos ancêtres (deuils non faits, secrets de famille, faillites, drames ou injonctions tacites façonnant la psyché) peut se transmettre d’une génération à l’autre et conditionner nos vies, favorisant l’émergence de comportements répétitifs, d’angoisses inexpliquées ou de symptômes psychosomatiques.La psychothérapeute Anne Ancelin-Schützenberger a permis en France la théorisation et l’essor de cette méthode thérapeutique et a inventé le génosociogramme. Celui-ci consiste en un schéma avec ses propres codes graphiques, associant généalogie familiale, liens affectifs et environnements historique, socioculturel et économique.Mais il est capital de noter que les avancées récentes dans les domaines de la biologie et des neurosciences ont ouvert des perspectives passionnantes pour la Psychogénéalogie.Tout d’abord l’épigénétique révèle que nos gènes peuvent évoluer en réponse à des événements extérieurs, notamment des traumatismes. Et les neurosciences nous apprennent que le cerveau a la capacité, grâce à sa neuroplasticité, de reprogrammer d’anciens schémas toxiques pour en bâtir de nouveaux, plus constructifs. En s’alliant, ces trois disciplines expliquent comment nos expériences de vie et celles de nos ancêtres influencent notre comportement et comment il est possible de s’en libérer.Selon la baronne Sandrina d'Anethan, psychogénéalogiste de terrain formée auprès d’Agnès Paoli (Mon arbre, géniale logique) et de Bruno Clavier (le Jardin d’Idées), les difficultés existentielles ou factuelles rencontrées par celui qui consulte constituent le point de départ de la démarche. La représentation qu’il a de l’histoire familiale et le récit qu’il en fait permettent d’identifier les ressources vives de la lignée, mais aussi les stress et les solutions mises en place pour assurer la survie.Une attention particulière portée au choix des prénoms et des métiers, aux dates anniversaires, à la répétition de situations à des âges signifiants fait ressortir les interdépendances entre les individus d’un même système familial, susceptibles de les empêcher d’évoluer librement. Une fois reconnus les liens existants qui entravent, il est possible de s’en détacher avec bienveillance… et d’écrire la suite de l’histoire, une vie où passé et présent se réconcilient pour un avenir plus lumineux. Car si nous portons en nous les traces des blessures de nos ancêtres, nous portons aussi leur résilience et leur amour.L’adage dit que notre famille vit en nous. C’est pourquoi on veillera enfin à donner aux ancêtres, par le biais d’actes symboliques, les ressources qui les auraient aidés à dépasser les épreuves rencontrées. Pour qu’ils retrouvent leur juste place dans l’arbre généalogique. En agissant ainsi, on entraîne cette famille qui nous habite sur le chemin de la lumière et de la libération.La Psychogénéalogie est prisée dans le cadre du développement personnel, mais également pour traiter des blocages émotionnels et des troubles psychosomatiques. Précieux outil de compréhension des dynamiques familiales, elle s’inscrit avec succès dans une approche pluridisciplinaire.De nombreuses personnes témoignent d’un apaisement et d’une meilleure compréhension d’eux-mêmes : en prenant conscience des héritages psychiques de leurs lignées ascendantes, ils ont pu s’approprier les ressources de l’arbre tout en se libérant de poids qui ne leur appartenaient pas et ainsi renouer avec un chemin de vie plus épanouissant. C’est donc bien une œuvre d’émancipation et d’individuation dans le présent que propose l’analyse transgénérationnelle.Sophie du Fontbaré de Fumal, développeuse de talents chez Ozratu et passionnée par le sujet, estime que cette méthode peut être bénéfique pour surmonter des schémas répétitifs (échecs sentimentaux, troubles financiers récurrents, maladies inexpliquées), mieux comprendre son rapport aux autres et à soi-même, et ainsi accéder à une forme de résilience transgénérationnelle.Sandrina d’Anethan et Sophie du Fontbaré de Fumal seront présentes lors du « Salon des Transmissions » organisé par l’ANRB le 5 octobre 2025. Venez les écouter pour découvrir l’efficacité et les bienfaits de cette discipline.Nous remercions le comte Pierre-Alexandre de Lannoy pour la rédaction de cet article.
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Le Cinéma Belge
Notre compatriote Joseph Plateau, professeur en physique expérimentale à l'Université de Gand, a développé dès 1836 un dispositif stroboscopique, le phénakistiscope, apportant ainsi une contribution essentielle à l'invention du cinématographe par les frères Lumière en 1895, et donc à la naissance de l'industrie cinématographique. Le 1er mars 1896, la première projection cinématographique en Belgique a eu lieu dans une salle des Galeries Royales Saint-Hubert à Bruxelles.Durant la première moitié du siècle dernier, le cinéma en Belgique est resté un terrain d'expérimentation pour les pionniers. Avec l'aide de l'industriel français Charles Pathé, Alfred Machin a fondé en 1910 un premier studio de cinéma. Hypolyte De Kempeneer devient le premier producteur de films et travaille notamment avec la première réalisatrice et actrice belge, Aimée Navarra. Son film Coeurs Belges s'inscrit dans une série de mélodrames patriotiques qui dominent la modeste industrie cinématographique belge après la Première Guerre mondiale. Un autre pionnier, le comte Robert de Wavrin de Villers-au-Tertre, ethnologue et explorateur, a vécu plusieurs années parmi les Indiens d'Amérique du Sud et a capturé des témoignages de diverses cultures sur pellicule. Ses films les plus connus sont Au Centre de l’Amérique du Sud inconnue (1924) et Au Pays du Scalp (1931).Dans les années 1930, Charles Dekeukeleire, Henri Storck et Joris Ivens ont expérimenté de nouvelles techniques cinématographiques et fondé l'École belge du documentaire. Le documentaire Misère au Borinage de Storck et Ivens est considéré comme une œuvre marquante. De Witte (1934), adapté du roman d'Ernest Claes, devient le premier long-métrage de fiction populaire. Le réalisateur Jan Vanderheyden, avec Edith Kiel, réalise ensuite une série de comédies populaires avec des acteurs comme Gaston Berghmans, Jef Cassiers et Nand Buyl.De l’après-guerre aux années 1980, le drame paysan devient un genre clé du cinéma belge. Parallèlement, certains cinéastes laissent leur empreinte personnelle et apportent à la Belgique une reconnaissance internationale : Roland Verhavert (Meeuwen sterven in de haven), André Delvaux (De man die zijn haar kort liet knippen, L’oeuvre au noir), Harry Kümel (Malpertuis) et Jacques Boigelot (Paix sur les champs). Leurs films deviennent plus contemporains, souvent empreints de réalisme magique ou même de surréalisme. Ces cinéastes participent également à la création des premières écoles de cinéma, formant une nouvelle génération de réalisateurs. Des talents comme Chantal Akerman ou Raoul Servais (Harpya, Palme d’or à Cannes) explorent le film expérimental et d’animation. Robbe De Hert, Guido Henderickx et Patrick Lebon développent à Anvers le Fugitive Cinema, tandis que Marion Hänsel, Jean-Jacques Andrien et Michel Khleifi apportent une vision plus universelle du cinéma.Dans les années 1980, le cinéma belge devient plus personnel et réaliste. La professionnalisation du secteur sous la direction de Pierre Drouot et Erwin Provoost permet un développement économique structuré. Le cinéma d’auteur et les films populaires prospèrent. En 1987, Nicole Van Goethem remporte le premier Oscar belge du meilleur court-métrage d’animation avec Een Griekse Tragedie. Les succès et les échecs se succèdent, et le public découvre des films marquants tels que Brussels by Night de Marc Didden, Crazy Love de Dominique Deruddere, Toto le Héros et Le Huitième Jour de Jaco Van Dormael, ou encore C’est arrivé près de chez vous de Benoît Poelvoorde, Rémy Belvaux et André Bonzel.Après 100 ans, l’industrie cinématographique belge gagne en dynamisme. Les frères Dardenne deviennent ses figures de proue, entourés de nombreux talents. Trop nombreux pour être tous cités, ils comptent parmi eux d’excellents acteurs, actrices, producteurs, compositeurs, chefs créatifs et artistiques, ainsi que des maîtres dans la photographie, le montage et le maquillage.Aujourd’hui, le cinéma belge est devenu un produit d’exportation, au même titre que nos pralines, notre bière et notre chocolat. En décembre 2022, le magazine britannique Sight & Sound a désigné Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975) de Chantal Akerman comme le meilleur film de tous les temps. Bien que le cinéma belge ne rencontre pas encore un succès financier régulier à l’international, il attire une grande attention dans les festivals. Lukas Dhont (Close, Girl), Baloji (Augure) et Felix Van Groeningen (The Broken Circle Breakdown, De acht Bergen) suscitent de grandes attentes. Les récompenses pleuvent et les nominations aux Oscars se multiplient. Les frères Dardenne ont récemment reçu plusieurs prix à Cannes pour Jeunes Mères. De plus, le documentaire Soundtrack to a Coup d’État de Johan Grimonprez a été nommé aux Oscars 2025 dans la catégorie du meilleur documentaire, et la coproduction belge Flow a remporté cette année le Golden Globe et l’Oscar du meilleur film d’animation.Faire un film coûte cher. En Europe, le cinéma est considéré comme un produit culturel et artistique, subventionné par les pouvoirs publics, contrairement aux États-Unis où l’industrie cinématographique repose sur un modèle économique basé sur le divertissement. En Belgique, chaque communauté a mis en place des fonds pour soutenir les productions locales, mais les budgets restent limités. En complément, le gouvernement a instauré le système de Tax Shelter, une mesure fiscale favorisant l’investissement privé.Si la Kinepolis Group est mondialement connue, l’arrivée des plateformes de streaming a profondément changé l’expérience cinématographique. Les grands acteurs influencent de plus en plus les productions, dictant la rapidité et la rentabilité, tandis que les chaînes nationales peinent à suivre cette évolution.Le cinéma est un art, une alchimie entre histoire, mise en scène, jeu d’acteur, photographie, mouvement, décors, costumes, musique, son et montage pour transformer l’ensemble en une expérience immersive et captivante. C’est une magie, un miroir des émotions et des désirs, un outil de réflexion, de découverte et de connexion entre les cultures, dont le monde a un besoin urgent et croissant.Ces dernières années, de nombreux jeunes réalisateurs et quelques acteurs belges ont trouvé leur voie à l’étranger. Pour que nous puissions continuer à raconter nos propres histoires, préserver notre culture et ne pas perdre nos talents émergents, il est essentiel de développer de nouveaux moyens de financement.Baron Stijn Coninx, réalisateur et scénariste (Daens, Hector, Koko, Flanel, When the Light Comes, Sœur Sourire, Marina, Niet Schieten…), a été professeur à l'INSAS et au RITCS pendant 28 ans et est actuellement vice-président de la Cinémathèque Royale de Belgique.
La Psychogénéalogie : un héritage que l’on ne peut refuser…
Développée dès les années 1970, la Psychogénéalogie s’intéresse aux transmissions émotionnelles et comportementales au sein des familles.L’un des concepts majeurs de cette discipline repose sur l’idée que la charge émotionnelle d’événements marquants vécus par nos ancêtres (deuils non faits, secrets de famille, faillites, drames ou injonctions tacites façonnant la psyché) peut se transmettre d’une génération à l’autre et conditionner nos vies, favorisant l’émergence de comportements répétitifs, d’angoisses inexpliquées ou de symptômes psychosomatiques.La psychothérapeute Anne Ancelin-Schützenberger a permis en France la théorisation et l’essor de cette méthode thérapeutique et a inventé le génosociogramme. Celui-ci consiste en un schéma avec ses propres codes graphiques, associant généalogie familiale, liens affectifs et environnements historique, socioculturel et économique.Mais il est capital de noter que les avancées récentes dans les domaines de la biologie et des neurosciences ont ouvert des perspectives passionnantes pour la Psychogénéalogie.Tout d’abord l’épigénétique révèle que nos gènes peuvent évoluer en réponse à des événements extérieurs, notamment des traumatismes. Et les neurosciences nous apprennent que le cerveau a la capacité, grâce à sa neuroplasticité, de reprogrammer d’anciens schémas toxiques pour en bâtir de nouveaux, plus constructifs. En s’alliant, ces trois disciplines expliquent comment nos expériences de vie et celles de nos ancêtres influencent notre comportement et comment il est possible de s’en libérer.Selon la baronne Sandrina d'Anethan, psychogénéalogiste de terrain formée auprès d’Agnès Paoli (Mon arbre, géniale logique) et de Bruno Clavier (le Jardin d’Idées), les difficultés existentielles ou factuelles rencontrées par celui qui consulte constituent le point de départ de la démarche. La représentation qu’il a de l’histoire familiale et le récit qu’il en fait permettent d’identifier les ressources vives de la lignée, mais aussi les stress et les solutions mises en place pour assurer la survie.Une attention particulière portée au choix des prénoms et des métiers, aux dates anniversaires, à la répétition de situations à des âges signifiants fait ressortir les interdépendances entre les individus d’un même système familial, susceptibles de les empêcher d’évoluer librement. Une fois reconnus les liens existants qui entravent, il est possible de s’en détacher avec bienveillance… et d’écrire la suite de l’histoire, une vie où passé et présent se réconcilient pour un avenir plus lumineux. Car si nous portons en nous les traces des blessures de nos ancêtres, nous portons aussi leur résilience et leur amour.L’adage dit que notre famille vit en nous. C’est pourquoi on veillera enfin à donner aux ancêtres, par le biais d’actes symboliques, les ressources qui les auraient aidés à dépasser les épreuves rencontrées. Pour qu’ils retrouvent leur juste place dans l’arbre généalogique. En agissant ainsi, on entraîne cette famille qui nous habite sur le chemin de la lumière et de la libération.La Psychogénéalogie est prisée dans le cadre du développement personnel, mais également pour traiter des blocages émotionnels et des troubles psychosomatiques. Précieux outil de compréhension des dynamiques familiales, elle s’inscrit avec succès dans une approche pluridisciplinaire.De nombreuses personnes témoignent d’un apaisement et d’une meilleure compréhension d’eux-mêmes : en prenant conscience des héritages psychiques de leurs lignées ascendantes, ils ont pu s’approprier les ressources de l’arbre tout en se libérant de poids qui ne leur appartenaient pas et ainsi renouer avec un chemin de vie plus épanouissant. C’est donc bien une œuvre d’émancipation et d’individuation dans le présent que propose l’analyse transgénérationnelle.Sophie du Fontbaré de Fumal, développeuse de talents chez Ozratu et passionnée par le sujet, estime que cette méthode peut être bénéfique pour surmonter des schémas répétitifs (échecs sentimentaux, troubles financiers récurrents, maladies inexpliquées), mieux comprendre son rapport aux autres et à soi-même, et ainsi accéder à une forme de résilience transgénérationnelle.Sandrina d’Anethan et Sophie du Fontbaré de Fumal seront présentes lors du « Salon des Transmissions » organisé par l’ANRB le 5 octobre 2025. Venez les écouter pour découvrir l’efficacité et les bienfaits de cette discipline.Nous remercions le comte Pierre-Alexandre de Lannoy pour la rédaction de cet article.
Le château de Wynendaele
Interview de Monsieur (Jérôme) Matthieu de WynendaeleNous vous remercions d’avoir accueilli les membres de l’ANRB de Flandre occidentale chez vous, au château de Wynendaele, le 11 mai dernier. Cela nous a permis de découvrir ou de redécouvrir ce joyau de notre patrimoine. Pouvez-vous résumer l’histoire du château de Wynendaele en trois phrases ?Le château de Wynendaele est situé à Thourout (Torhout), en Flandre occidentale. Il a été construit à la fin du XIe siècle par le comte de Flandre Robert le Frison. En mille ans d’existence, le château est passé entre de nombreuses mains : les comtes de Flandre, les comtes de Namur, la famille de Clèves, les seigneurs de Ravenstein, les Palatinat-Neubourg, etc. En 1833, le domaine a été acheté par le banquier et assureur bruxellois Josse-Pierre Matthieu, cofondateur de la Société générale. Je suis la sixième génération. Deux faits historiques marquants qui s’y sont déroulés m’obligent à dépasser les trois phrases autorisées : Marie de Bourgogne est décédée des suites d’une chute de cheval dans les bois de Wynendaele en 1482. Le 25 mai 1940, c’est ici qu’a eu lieu l’entretien entre le roi Léopold III et quatre de ses ministres, à l’issue duquel le Roi refusa de les suivre à l’étranger.Quand avez-vous repris en mains la destinée de ce bien familial ?J’aidais mon père dans la gestion de la propriété depuis 2016. Lorsqu’il est décédé à l’âge de 91 ans, en juin 2021, et que ma mère l’a rejoint quatre mois plus tard, je savais que c’était mon tour. Je suis leur seul fils, donc c’était très clair, depuis ma naissance, que j’allais reprendre Wynendaele. C’était un principe d’éducation, une évidence, mais comme toute évidence, je n’y pensais pas. Je me suis marié avec une femme merveilleuse et nous vivions et travaillions à Bruxelles. J’ai été avocat, comme ma femme, puis j’ai travaillé dans l’immobilier. Et puis, en 2021, Wynendaele m’est tombé dessus d’un coup. J’ai vite compris que sa gestion serait plus qu’un job à plein temps, et j’ai pris la décision de m’y consacrer entièrement, avec l’assentiment de ma femme et de mes deux fils, qui me soutiennent et comprennent ma passion pour Wynendaele. C’est un soutien évidemment indispensable. Et ce nouveau travail me rend très heureux. Changer de vie à 180 degrés à 55 ans, c’est merveilleux : ça m’a donné un coup de jeune et d’autres valeurs.Beaucoup de West-Flamands connaissent Wynendaele à travers son musée. Existe-t-il toujours ?Mon père avait conclu un accord avec la ville de Thourout pour l’installation, dans une partie du château, d’un musée consacré à son histoire et à la « dramatique entrevue de Wynendaele » de mai 1940. Ce musée, créé en 1982, était vieillissant et nécessitait des investissements. Sa fréquentation était faible, et la crise du Covid l’a achevé. La ville a fermé le musée en septembre 2021.C’est tombé pile au moment où vous repreniez Wynendaele. Vous avez dû vous demander comment faire vivre un tel domaine, désormais ? L’objectif est simple : rendre Wynendaele économiquement viable, tout en nous permettant d’y vivre. Gérer et maintenir une propriété familiale est un travail, mais cela ne peut pas devenir un fardeau. Comme tout est classé, nous recevons des subsides, ce qui nous aide beaucoup, et nous oblige aussi à collaborer avec l’ANB (Agentschap voor Natuur en Bos ; agence du gouvernement flamand qui œuvre pour la conservation, la protection et le développement des réserves naturelles, des forêts et des parcs en Flandre, NDLR) et Erfgoed (Agentschap Onroerend Erfgoed ; l’agence flamande du patrimoine, NDLR). Les aides de l’État exigent beaucoup de paperasserie... Par ailleurs, je gère 110 hectares de terres agricoles et 110 hectares de bois. Mon activité agricole est donc importante.Et puis il y a eu une rencontre « magique »…En effet. Simon de Merode et sa société de production Historalia cherchait des châteaux pour y présenter des promenades théâtrales autour de la magie de Noël (Kerstmagie). Cette rencontre a été déterminante. J’ai vu – et beaucoup aimé – le spectacle 1830, que Simon a produit au château de Westerlo. C’est devenu mon objectif de présenter ce genre de spectacles à Wynendaele également. Ce grand projet s’est réalisé à l’été 2023, et ce fut un grand succès. Alors que le musée recevait 3.000 visiteurs par an, 23.000 spectateurs sont venus admirer le destin, en musique et en chanson, de Marie-Antoinette. Ce premier spectacle produit par Historalia a été du pain bénit pour Wynendaele. Ce que Simon fait est tout simplement fantastique.Et donc, cet été, à Wynendaele, nous pouvons célébrer avec un peu d’avance les 200 ans de la Belgique ?En effet. Le spectacle musical 1830 y sera joué – entièrement en néerlandais – du 14 août au 6 septembre 2025. Des gradins couverts seront construits à l’arrière du château, qui servira de décor. Chaque spectateur reçoit un casque audio, ce qui garantit une grande qualité sonore. Nous espérons 30.000 spectateurs, soit presque 1800 personnes par soir… Certes, les spectacles produits par Simon servent à mettre du ‘ciment entre mes briques’ mais je suis principalement rétribué par le sourire des spectateurs quand ils quittent Wynendaele. C’est vraiment magique !Propos recueillis par Marie-Pierre d’Udekem
Jean Ferrat chantait : « La femme est l’avenir de l’homme ». Dans notre monde chahuté, quelle belle opportunité que de pouvoir interroger Anne-Claire de Liedekerke, Présidente de l’association Make Mothers Matter - MMM. Avec conviction, clarté et une détermination chaleureuse et de bon aloi, elle a accepté de répondre à nos questions.
Comment est né ce mouvement MMM ?Make Mothers Matter est une association sans affiliation politique ni confessionnelle, née en 1947 à l’UNESCO, dans un contexte d’après-guerre : pendant la guerre, quand les hommes et beaucoup de femmes sans enfants étaient au front, ce sont les mères qui s’occupaient de faire « tourner les choses » càd s’occuper des fermes, des commerces, des entreprises… en plus du foyer et de l’éducation des enfants. Elles avaient tout à gérer. C’est à la suite du congrès international « La mère, ouvrière du progrès humain » organisé à l’UNESCO, qu’est né le Mouvement Mondial des Mères devenu Make Mothers Matter – MMM.MMM défend les femmes qui sont mères et valorise leur rôle au sein de la famille et dans la société. MMM invite inlassablement à prendre conscience que les mères sont actrices de changement pour un monde meilleur et que leur action a un impact bien au-delà du cercle familial.« Quand les mères sont soutenues et reconnues » dites-vous, « elles sont actrices de changement », quel serait alors leur rôle ?Reconnaître le rôle des mères, c’est défendre le concept du « CARE » (mot englobant pour dire « prendre soin de » qui n’a pas son équivalent en français). Ce TRAVAIL de soin et d’éducation (c’est un vrai « travail » même s’il n’est pas rémunéré !) est tellement important pour préserver l’équilibre familial et social ! C’est un travail invisibilisé et pourtant derrière lui se cachent des enjeux économiques, de développement, de justice sociale, d’égalité et même de paix. Lors d’un colloque organisé au Bangladesh, j’ai entendu ce cri du cœur des femmes qui était le même que celui des mères chez nous : « Nous demandons d’être RECONNUES pour notre travail dans notre famille ! » C’est tellement nécessaire et évident car « Essayez sans les mères » ! Dans le monde du travail rémunéré, « la vraie différence de salaire commence dès le premier enfant… » et c’est une grande injustice pour les mères qui se retrouvent trop souvent dans la catégorie la plus pauvre de la population. Ce constat fut mis en lumière par Claudia Coldin, chercheuse américaine et prix Nobel d’Économie en 2023. Mais MMM le dit depuis bien longtemps !Quels sont les domaines d’action privilégiés de MMM ?La valorisation du travail familial de « care » et d’éducation » qui a une incidence réelle sur l’avenir des pays ; le développement de la petite enfance : la base affective et émotionnelle est si importante ; la conciliation vie familiale - vie professionnelle ; la santé mentale des mères souvent pas loin de l’épuisement tant est lourde leur charge entre famille et travail car partout ce sont les mères qui s’occupent majoritairement des enfants. Elles sont aussi parfois victimes de violences tout en ayant, magnifique paradoxe, le pouvoir de promouvoir la paix et d’éduquer aux valeurs de cohésion sociale. Enfin, l’engagement des pères qui est un levier essentiel pour faire évoluer la situation en s’investissant d’avantage dans le soin et l’éducation des enfants.Comment parvenir à moduler la vie familiale et la vie professionnelle pour une mère ? Le monde du travail entend-il cette demande pressante ?Depuis le début de l’ère industrielle les familles n’ont cessé de s’adapter au monde du travail. Aujourd’hui, le monde du travail doit s’adapter aux familles. C’est un enjeu vital pour nos sociétés. Il s’agit de réaliser qu’à certaines périodes, la priorité doit pouvoir être donnée à la famille. Développer la flexibilité au travail et le travail à temps partiel ; faciliter la rentrée dans le monde du travail en valorisant les compétences acquises par le travail familial seraient des solutions. La diversité des politiques et des mesures doit accompagner la diversité des choix et des personnes.MMM travaille aussi en partenariat avec d’autres organisations. Comment ?MMM est une association mondiale avec un réseau d’associations partenaires qui agissent sur le terrain avec et pour les mères. MMM entend et fait entendre les voix des mères : nous entendons ce que disent les mères dans différents pays et le répercutons au niveau des institutions internationales pour susciter des lois et des mesures qui répondent aux défis que rencontrent les mères.La force de MMM est de créer des ponts entre les mères et les décideurs. Notre objectif est de soutenir les mères avec un impact profond et durable sur leurs enfants, leur famille et plus largement sur la société dans son ensemble.Thomas d’Ansembourg écrivait qu’ « un citoyen pacifié est un citoyen pacifiant ». Quelle évidence forte à proposer sans réserve à notre société et que MMM, par son élan, ses propos justes et son souci de fédérer les mères, essaie d’améliorer sans relâche et avec une belle part d’enthousiasme !Nous remercions la comtesse Emmanuel de Ribaucourt pour la réalisation de cette interview.
A l'hôtel de Gaiffier d’Hestroy à Namur qui abrite le musée des arts anciens du namurois, débute l’exposition LOUISE D'ORLÉANS, première reine des Belges : un destin romantique.
Monsieur Julien de Vos est, pour la Province de Namur, le directeur du Service des musées et du patrimoine culturelPhilippe de Potesta : Monsieur de Vos, y a-t-il une différence entre l’exposition sur Louise d’Orléans qui s’est tenue à Chantilly et celle qui débute en ce moment jusqu’à la mi-juin à Namur ?Julien de Vos : L’exposition au musée Condé à Chantilly était l’occasion d’évoquer la place particulière qu’occupait Louise au sein de la maison royale des Orléans, et d’en réhabiliter en quelque sorte l’importance, avec un accent tout particulier sur les goûts et passions hérités de ses parents. L’exposition de Namur ajoute à cette première présentation un volet complémentaire, plus personnel, grâce non seulement aux écrits de la souveraine (sa correspondance pléthorique, ses carnets de croquis, ses exercices d’« écolière », ses cahiers de voyage, …) mais aussi à l’aide d’objets et de souvenirs qu’elle collectionnait ou réalisait. C’est ainsi, par exemple, que le parcours scénographique dévoile pour la première fois des bijoux et des objets sentimentaux, mais aussi des sculptures, dessins et aquarelles que la première reine des Belges conservait soigneusement dans ses appartements dans des portefeuilles ou des albums romantiques, Les pièces présentées, qui n’avaient encore jamais été exposées, sont donc plus nombreuses et plus diverses, afin de découvrir avec pudeur l’intimité de Louise, depuis sa passion pour le Moyen Âge et ses châteaux, jusqu’à ses goûts belges et les combats qui ont forgé sa vision de la fonction royale. À l’issue de la visite, loin de la vision d’une femme effacée et d’une reine oubliée que le souvenir en a trop souvent laissé, la personnalité de Louise se révèle au visiteur telle qu’elle apparut dès l’époque : une icône pour la Belgique devenue son ange tutélaire, une première reine des Belges qui connut le destin d’une héroïne romantique.Ph de P : Parmi les pièces exposées, y en a-t-il une qui suscite une émotion particulière ?J de V : L’objet présenté dans l’exposition, qui pour moi et pour les visiteurs est le plus émouvant, est sans nul doute le bracelet d’or avec les médaillons en forme de cœurs, renfermant les cheveux des membres familiaux proches de Louise. Ce bijou précieux, qui permettait à la reine des Belges de rester intimement proche avec ceux qu’elle aimait, a été offert par la reine d’Angleterre Victoria le 3 avril 1844, à l’occasion de l’anniversaire de Louise. Il s’inscrit dans la longue tradition romantique de la joaillerie sentimentale, dont les pièces produites servaient en quelque sorte de précieux reliquaires, emportés à volonté par Louise lors de ses sorties ou, le plus souvent, portés dans l’intimité de ses appartements. Ils sont l’incarnation des liens étroits et des souvenirs familiaux que les membres des cours princières se plaisaient à se rappeler et à évoquer, en s’offrant et s’échangeant de tels objets. Les miniaturistes, pour ces bijoux sentimentaux, étaient des artistes particulièrement recherchés, dans la mesure où la préciosité des réceptacles d’or - souvent ornés de pierreries – pouvait être combinée à l’emploi de miniatures, réalisées par les plus grands artistes, dont le plus fameux est sans nul doute William Charles Ross. Puisant son inspiration dans les portraits officiels réalisés par Franz Xaver Winterhalter, le miniaturiste ne s’attachait à en garder que les yeux, considérés comme « la voix de l’âme ». Et c’est cette « ribambelle » de prunelles qui interpelle, alors qu’à l’intérieur de plusieurs de ces médaillons certaines inscriptions permettent parfois d’identifier le « propriétaire » de l’œil. Dans d’autres cas, le prénom est formé, sur le couvercle grâce à l’usage d’acrostiches, l’initiale de chaque pierre représentant une lettre bien précise. La préciosité de ces deux objets, intimes et familiers, donnent un éclairage émouvant sur les sentiments éprouvés par la reine dans son quotidien. Ce sont les recherches menées en partenariat étroit avec le musée Condé qui a permis non seulement d’en retrouver et d’en retracer l’histoire, mais aussi de les acquérir. Ils sont désormais la propriété du musée de Chantilly, et ont ainsi rejoint les collections dont l’embryon a été constitué par le propre frère de Louise, le duc d’Aumale Henri d’Orléans.Un grand merci à l’homme passionné d’histoire qu’est monsieur de Vos pour ses explications qui nous donnent vraiment l’envie de découvrir cette passionnante exposition sur notre première Reine dans le lieu prestigieux qu’est l'hôtel de Gaiffier d’Hestroy, en plein centre de Namur. Exposition placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté la Reine.Philippe de Potesta
CARE Belgium : Agir pour un monde plus stable et équitable
Dans un monde en pleine mutation, marqué par des crises géopolitiques, économiques et environnementales de plus en plus complexes, la solidarité internationale se trouve face à des défis majeurs. Le contexte actuel est particulièrement difficile : guerre en Ukraine, crise climatique, insécurité alimentaire... autant de phénomènes qui exacerbent les inégalités et fragilisent la stabilité mondiale. Dans ce contexte turbulent et incertain, il devient essentiel de se poser une question fondamentale : peut-on vraiment se passer de solidarité internationale ?La réponse est non. La solidarité internationale n’est pas seulement un impératif moral, elle est un pilier de stabilité pour l’ensemble de la planète. L’aide humanitaire et les initiatives de coopération internationale ont permis de réaliser des avancées significatives dans de nombreux domaines. Depuis 1945, l’absence de conflits majeurs entre pays de l'Union européenne en est un exemple frappant. De même, l'extrême pauvreté a diminué de manière spectaculaire, passant de 36 % en 1990 à 8,5 % aujourd'hui. Ces progrès sont le fruit de la coopération internationale et de l'engagement des ONG, qui œuvrent au quotidien pour faire face aux crises.Les défis auxquels sont confrontées les ONG aujourd’hui sont donc nombreux : montée du nationalisme, repli sur soi, et fragmentation des initiatives de solidarité. Cependant, ces difficultés ne doivent pas faire oublier les opportunités que recèle l’approche collaborative et inclusive. Les progrès réalisés jusqu’ici montrent qu’il est possible de faire une différence collective, et de nombreux exemples démontrent que l’action collective peut engendrer des victoires durables, comme l'éradication de la variole ou les avancées écologiques avec le Protocole de Montréal.Chez CARE Belgium, nous choisissons l’action. Depuis 2015, notre réseau CARE International a soutenu 210 millions de personnes. Mais pour que ces avancées perdurent, la solidarité doit rester une priorité. Nous nous engageons à ne pas nous contenter de solutions temporaires, mais à investir dans des actions durables qui permettent aux populations de se relever et de se renforcer sur le long terme. Cela signifie une approche holistique, combinant aide d’urgence, renforcement des capacités locales et action en faveur de la résilience face aux crises à venir.La solidarité internationale n'est pas une option, mais une nécessité pour construire un monde plus stable, plus juste et plus équitable. C’est dans cette conviction que nous poursuivons notre travail au quotidien, en soutenant des millions de personnes en situation de vulnérabilité. Mais pour que ces avancées perdurent, il est essentiel que la solidarité reste une priorité mondiale, et que chacun d’entre nous, à travers des actions concrètes, continue de soutenir cet engagement.Dans ce contexte, nous vous invitons à vous joindre à nous pour soutenir la solidarité internationale. Nous espérons ainsi vous compter parmi nous le 12 juin 2025 au Palais d’Egmont, afin de célébrer ensemble le 10e anniversaire de notre Gala caritatif, sous la présidence de Son Altesse Royale la Princesse Esméralda de Belgique, Présidente d'honneur de CARE Belgium. Cette soirée marquante célébrera une décennie de solidarité et de soutien aux projets que nous menons à travers le monde pour promouvoir les droits des femmes, lutter contre les effets du changement climatique et intervenir lors des urgences humanitaires.Nous remercions la baron (Johan) Swinnen pour la réalisation de cet article et la contribution d'Odile de Saint-Marcq, Secrétaire Générale de CARE Belgium.
Après la fête, le bilan : rencontre avec le baron (Guy) de Borchgrave, responsable du bal de l’anrb
Le 75e Bal de l’ANRB s’est tenu cette année sous le signe de la fête, de l'élégance et de la solidarité. Un moment exceptionnel qui a réuni plusieurs générations autour d’un même objectif : soutenir les actions de Solidaritas tout en perpétuant une tradition précieuse.Mais derrière les lumières et la musique, ce sont des mois de préparation et l’engagement sans faille d’une équipe de bénévoles qui rendent cet événement possible. À la tête de cette organisation depuis près de 15 ans, Guy de Borchgrave nous partage son bilan de cette édition historique et revient sur son engagement de plus de 40 ans au sein de l’ANRB.Un 75e Bal couronné de succèsQuels ont été, selon vous, les grands succès de cette édition ?"Le Piano Bar a été une vraie réussite : une excellente atmosphère et un public très nombreux.L’ambiance sur la piste de danse, dès le début du Bal était particulièrement enthousiaste, toutes générations confondues ! Sans oublier le Photocall, qui a rencontré un vif succès."Une édition anniversaire pas comme les autresEn quoi cette 75e édition était-elle différente des précédentes ?"Nous avons ajouté quelques détails spécifiques pour marquer cet anniversaire, comme les noms de table personnalisés en hommage à des membres ayant joué un rôle clé depuis les débuts du Bal, ou encore une attention particulière à tous ceux qui célébraient leurs 75 ans cette année. Bertrand de Jamblinne a même créé un site retraçant l’histoire du Bal.Un engagement de longue dateCela fait plus de 40 ans que vous vous investissez pour l’ANRB et plus de 30 ans pour le Bal. Quelles sont vos motivations profondes ?"L’ANRB est une vieille dame que j’aime beaucoup. J’ai été inspiré par des figures exemplaires comme le Comte Jean d’Ursel et Madame Martens de Noordhout, qui m’ont donné envie de m’engager."Qu’est-ce qui vous touche le plus dans cette aventure humaine ?"J’apprécie particulièrement le fait que, le temps d’une soirée, les jeunes se retrouvent de l’autre côté de la barrière en tant que serveurs et bénévoles. Beaucoup d’entre eux ne regardent plus jamais un serveur de la même manière après cette expérience."Comment le Bal a-t-il évolué au fil des années ?"Le Bal reste traditionnel et multigénérationnel, ce qui est un choix délibéré. Certaines évolutions sont nécessaires, notamment avec les nouvelles technologies, mais il faut les intégrer avec finesse pour ne pas déstabiliser une partie du public. Je pense entre-autre au piano bar ou à la participation de certains rallyes. Certains jugent le Bal de ‘poussiéreux’, je préfère dire ‘traditionnel’."Pourquoi venir au Bal ?Que diriez-vous à celles et ceux qui n’ont jamais participé et qui hésitent encore ?"VENEZ ! Ceux qui viennent ne repartent plus !"Qu’est-ce qui rend cet événement unique ?"Son ambiance multigénérationnelle. Il est rare de voir grands-parents, parents et petits-enfants partager une même piste de danse."Une organisation bien huiléeCombien de personnes travaillent en coulisses ?"Nous avons une équipe de 25 personnes, chacune responsable d’un département, garantissant une organisation fluide. Le soir du Bal, 140 bénévoles prennent le relais pour assurer l’ensemble des services jusqu’au bout de la nuit."Quand commence la préparation d’une édition ?"Le lendemain du Bal !"Un engagement solidaireAu-delà de la fête, le Bal a aussi une vocation sociale et solidaire. Pouvez-vous nous rappeler ce que permet de financer cet événement ?"Le Bal est l’un des événements les plus lucratifs pour Solidaritas. Nous tenons à ce qu’il reste accessible à tous nos membres, tout en permettant de soutenir nos actions solidaires.”Un immense merci à Guy de Borchgrave et à toute son équipe pour leur travail remarquable. Grâce à leur engagement, le Bal de l’ANRB continue de faire résonner ses traditions tout en contribuant à une cause essentielle.Rendez-vous l’année prochaine, le troisième samedi de mars, pour une nouvelle édition inoubliable !
Regards croisés… pétillants !
A l’instar des couleurs vives de l’arc-en-ciel enrichissant un paysage, créer des liens et des affinités entre musées peut ouvrir un monde de possibilités ! Ce qui fut le cas lors de la rencontre fructueuse organisée entre Valentine Boël, Présidente des Amis des Musées Royaux d’Art et d’Histoire et Eline Ubaghs, Présidente des Amis des Musées Royaux des Beaux-Arts.André Malraux affirmait que visiter un musée était une délectation de l’esprit : voyons donc le menu.Eline Ubaghs met en avant le caractère éminemment pluriculturel de Bruxelles invitant les musées à communiquer les valeurs de notre pays qui permettent de comprendre les modes de pensées qui ont conduit à notre culture actuelle. La perspective du bicentenaire du Royaume rappelle cette nécessité. A l’horizon 2030, les Musées Royaux des Beaux-Arts vont bénéficier de nombreuses remises à niveau structurelles. Les travaux vont rendre nécessaire le déménagement de plusieurs collections ; des salles d’exposition rénovées seront ouvertes au public pour présenter un nouveau parcours muséal des collections permanentes avec des œuvres du XVe au XXIe siècle qui ne seront plus compartimentées chronologiquement. Cet accrochage offrira plus de transversalité, de diversité, d’inclusion.Les Musées qui ont accueilli plus des 700 000 visiteurs en 2024 poursuivront leur politique de prêts et de partenariat à des expositions dans le monde entier, afin de valoriser leurs collections.Dans le même esprit, Valentine Boël souligne que l’asbl des Amis des Musées Royaux d’Art et d’Histoire a été créée voici 50 ans par Pierre Solvay pour permettre l’accès aux musées et promouvoir la culture auprès d’un large public tout en soutenant ces musées dans la mise en valeur et l’enrichissement de leurs collections par la restauration des œuvres des musées et l’achat d’œuvres ayant un intérêt scientifique pour les collections qui sont d’un intérêt et d’une qualité égale au Victoria & Albert Museum of London. « Partager le savoir des collections et la joie des découvertes avec les visiteurs permet d’apprécier les facettes du monde dans lequel nous vivons. De plus, les conservateurs nous font le privilège d’être toujours présents à nos évènements qu’ils nourrissent en conférences et exposés de grande qualité ». Elle ajoute : « notre équipe très dynamique s’investit beaucoup pour élaborer un programme attractif de visites en semaine et le week-end, de nocturnes, de visites spécialisées avec les conservateurs, ainsi que d’activités pour grands-parents et petits-enfants ».Convaincue, elle poursuit : « L’horizon 2030 est un challenge pour une meilleure visibilité des musées et une mise en valeur des collections dans un nouvel écrin avec la réouverture des salles rénovées. Nos deux projets phares à venir sont la digitalisation des visites via une App pour les nouvelles salles des 19e et 20e siècles que nous inaugurerons en juin et la mise en place d’un accueil dans le Musée Art et Histoire par des bénévoles.C’est dans le même état d’esprit que travaille Eline Ubaghs : « Les Amis auront plus que jamais pour vocation d’aider les Musées dans leurs missions. Leur support est focalisé sur l’accueil des visiteurs et le soutien à la formation d’un public de plus en plus diversifié et en particulier des jeunes visiteurs.»Elle poursuit : « En 2025, les Amis offriront 100 visites guidées gratuites pour les écoles de l’enseignement en Belgique avec priorité pour les écoles défavorisées. Ils financeront la production et la distribution du Petit Musée Portatif développé par la Médiation culturelle des Musées ainsi que la formation des enseignants chargés d’utiliser ces kits dans les écoles. Ils contribueront à former à la diversité les guides freelance ; ils renouvelleront le matériel du « Musée sur mesure » qui propose une offre adaptée aux visiteurs fragilisés ou en situation de handicap. Plus original, ils permettront la réalisation d’un projet académique avec des dermatologues de la VUB dans l’étude des peintures… Les Amis désirent faire découvrir l’Art à leurs membres et publient deux fois par an un carnet « Become a Friend » informant des travaux, expositions, évènements et initiatives culturelles visant à l’ouverture à la scène culturelle bruxelloise, européenne et même mondiale. »Valentine Boël et Eline Ubaghs insistent toutes les deux sur le fait qu’elles ne travaillent qu’avec des bénévoles ; tout l’argent est concrètement investi dans les projets d’édition, de restauration et d’acquisitions pour les musées. Elles soutiennent fermement l’idée qu’un musée est un lieu de rencontre, dans un esprit de diversité et d’universalité afin de résister à l’obscurantisme qui règne de plus en plus sur la planète. C’est un message à transmettre en particulier aux jeunes générations.L’importance de la culture est déterminante pour se mieux comprendre et accepter la différence dans ce qu’elle a d’enrichissant. Le soutien des Amis est vital pour nos musées belges. Ne dit-on pas que les musées sont les chefs étoilés de la culture ?!Rencontrer deux personnalités aussi concernées, lucides et enthousiastes se révéla passionnant ; ces regards croisés chaleureux et pertinents autorisent une belle conclusion : ils sont devenus des regards accordés ! Nous remercions la comtesse Emmanuel de Ribaucourt pour la rédaction de cette interview.
Séverine de Fierlant nous fait découvrir son aventure en Inde
Philippe de Potesta : pourriez-vous me parler de votre rôle dans votre école en Inde, nous expliquer où elle se situe et comment ça se passe en classe ?Cette année, je suis professeure de français et sciences sociales dans le Gujarat, un État au Nord-Ouest de l'Inde. Quelle drôle d'idée... Et quelle belle expérience !Le système éducatif est assez différent du nôtre en Belgique. Ici, les élèves enchaînent neuf cours avec deux petites pauses, sans récréation. La prière est récitée quotidiennement en sanskrit/anglais/français. Au programme, en plus des matières classiques, les étudiants ont Yoga, Art, Danse, Musique, Librairie, Robotique, Théâtre, ... Après l'école, ils ont encore des activités parascolaires, l'académie et les devoirs. Le rythme est assez intense. Et puis au Gujarat, on travaille aussi le samedi.Ceci dit, les 17 schtroumpfs de ma classe sont comme tous les enfants du monde, toniques et très attachants. L'organisation est un brin olé-olé et on n'est jamais à l'abri d'une coupure de courant ! N'empêche, j'ai beaucoup aimé donner cours dans cet environnement dynamique.Ph de P: qu’est-ce que vous aimez le plus en Inde ? Comment décririez -vous les gens et la culture là-bas ?À mes yeux, l'Inde c'est comme une boule disco, un pays avec 1000 facettes de couleurs, de paysages, d'odeurs et de saveurs.En Inde, on vit intensément !Il y a du monde, du bruit, des animaux partout... Ce sont beaucoup de nouveautés pour un étranger qui débarque.Ici, nos sens sont constamment en éveil. On entend une palette de langues chantantes, on contemple des couchers de soleil magnifiques, on porte des textiles délicats ... Les arômes font voyager nos papilles. Les Indiens ne peuvent d'ailleurs pas vivre sans leurs épices. Ils en mettent partout : dans les plats, les desserts, les boissons et sur leurs tranches de fruits frais. Et alors, oubliez vos standards européens. En Inde, le "little spicy" peut déjà vous faire transpirer à grosses gouttes !Mais surtout, les Indiens sont d'une extrême bonté et hospitalité. Combien de fois on ne m'a pas invitée à boire un chay (thé au lait sucré). Partout, on se pliera en quatre pour vous honorer en tant qu'invité, qu'en bien même la manière de procéder peut sembler légèrement maladroite. Par exemple, j'ai eu peur au restaurant la première fois que 4 serveurs se sont rué sur moi pour me resservir !Vous serez toujours bien accueilli en Inde. Par respect, veillons simplement à porter une tenue décente, selon les normes locales. Au Gujarat, les femmes se baladent le nombril à l'air mais les épaules et les jambes sont toujours couvertes.C'est ça que j'aime finalement en Inde, l'authenticité des habitants, les aléas qui pimentent votre quotidien, l'ambiance vibrante des villes et le calme ressourçant des lieux reculés.Ph de P : la spiritualité occupe une grande place en Inde. Comment est-elle vécue au quotidien ?Les Indiens vivent effectivement au rythme du calendrier et selon les dogmes propres à leur religion. La majorité des Indiens sont hindous. Les autres religions pratiquées sont l'islam, le bouddhisme, le christianisme, le judaïsme, le jaïnisme et le sikhisme. Cette diversité s'explique par les influences coloniales et les migrations de peuples dans cette région du monde depuis la nuit des temps.J'admire la piété et la tolérance des Indiens. Chacun prie librement et ouvertement à la maison, dans les espaces publics ou au travail.En à peine quelques heures, je peux chanter à l'église protestante, prendre un tuk-tuk avec un chauffeur musulman qui écoute sa musique ourdou afin d'aller rejoindre des amis hindous pour un rituel religieux, et puis sortir dîner avec des Jaïns (menu végan et pas de légumes racines).Autant dire que je ne sais plus à quel saint ou Dieu me vouer !Ph de P : y a-t-il une fête ou un événement en Inde qui vous a particulièrement marquée ? Pourquoi ?Dans ce pays aux multiples traditions et confessions, il y a toujours une raison pour se rassembler, danser et manger.Récemment, j'ai eu la grande joie d'assister au mariage de mon ami Gagan.Alors un mariage indien, c'est plusieurs jours de festivités, un dress code spécifique pour chaque cérémonie, des danses endiablées et des zakouski à l'infini. C'est féerique !Honnêtement, sous un sari de soie on se sent un peu comme un gigot ficelé et on a chaud, mais qu'est-ce que c'est classe !Finalement les fêtes traduisent parfaitement l'histoire et la culture millénaires de l'Inde, si riches et haut en couleurs !On dit souvent "incredible India". C'est tout à fait ça. Il faut le vivre pour le croire.Ce pays, mes amis et les indiens garderont une place spéciale dans mon cœur. Quelle chance d'avoir passé cette année merveilleuse sur la terre des maharajas.Ph de P : un grand merci Séverine de nous avoir partagé cette fantastique expérience indienne !Interview réalisé par Philippe de Potesta