Actualités
- 2025
- 2024
À la une
Solidarcité : un tremplin citoyen pour la jeunesse
Quand la vie professionnelle permet de lancer un projet constructif et revalorisant : SOLIDARCITE !Maman de trois enfants, Marie de Dorlodot en est la cheville ouvrière et nous en parle avec passion.Comment est née cette association ? A partir de quels constats ?Le projet d’Année citoyenne Solidarcité est né il y a 25 ans sur la base des constats suivants qui sont encore d’actualité plus de 20 ans après :De nombreux jeunes adultes, bien que fragilisés, se trouvent exclus des dispositifs de l’aide à la jeunesse et doivent dès lors se tourner vers des dispositifs pour adultes (CPAS, OISP ...) ne répondant pas à leurs attentes.Des phénomènes de décrochage scolaire persistants. Par ailleurs, bon nombre des jeunes intégrant l'année citoyenne connaissent et nous livrent un rapport pour le moins conflictuel, désabusé voire douloureux vis à vis d'un système scolaire duquel ils se sont sentis exclus, incompris, voire parfois humiliés, pour des raisons diverses : décrochage, orientation peu pertinente…Les difficultés d’accès, pour les jeunes en difficulté, à des espaces de citoyenneté active.Les occasions de « brassage » social sont de plus en plus ténues, que ce soit à l’école, dans les quartiers ou dans les lieux de loisirs. Cette forme de ghettoïsation de la jeunesse a pour conséquence que certains groupes de jeunes ne se côtoient plus, renforçant les préjugés et les jugements réducteurs.L’identification de logiques cloisonnées dans l’approche des jeunes par les différentes politiques publiques.Ces constats ont amené l’idée de construire à leur intention un programme qui se fixe comme but de donner au plus grand nombre possible de jeunes, filles et garçons, l’opportunité de prendre part à un projet citoyen, tout en contribuant à renforcer la solidarité sous toutes ses formes.Cette idée, c’est l’Année Citoyenne; ce programme, c’est Solidarcité qui compte 8 asbl.L'Année citoyenne Solidarcité a pour principal objectif l’accompagnement social et éducatif de jeunes. Elle vise à favoriser leur développement personnel ainsi que leur intégration dans la société en tant que citoyens responsables, actifs, critiques et solidaires (CRACS).Pour critiquer la société, il faut la connaître. Quel public avez-vous contacté et où ?Les bénéficiaires directs sont des jeunes âgés de 16 à 25 ans aux difficultés personnelles importantes. Il s’agit d’un public pour lequel nous prenons un risque éducatif plus important (gestion quotidienne plus difficile, risque d’échec plus élevé ...) mais qui pourra bénéficier d’une stimulation positive engendrée par le reste du groupe. Ils sont généralement orientés vers notre projet par le secteur de l'Aide à la Jeunesse (36,7%) ou par leur entourage proche (17,4%) ou encore par le secteur de la santé mentale (12%).Le brassage des publics est un élément important à prendre en compte lors de la constitution des équipes. L'hétérogénéité des situations personnelles et des horizons socio-économiques et socioculturels permet la rencontre entre les jeunes qui auraient eu peu de chance de se rencontrer en raison des cloisonnements existants entre les classes sociales.Le projet est ouvert à toutes et tous, tout en se donnant les garanties d'un accès privilégié aux jeunes les plus fragilisés.En ce qui concerne notre public cible pour l'année 2023-2024, ce sont majoritairement des garçons (63%), mineurs.Les bénéficiaires indirects sont les 460 partenaires qui ont bénéficié de l'aide des jeunes volontaires via l'axe "services à la collectivité" du programme de l'année citoyenne, c’est-à-dire toutes les actions entreprises gratuitement par les volontaires au bénéfice de partenaires associatifs. Ces derniers sont, pour la plupart, des associations sans but lucratif défendant des valeurs « humanistes » et qui n’ont pas les moyens humains et/ou financiers pour mener à bien certains de leurs projets. Les services rendus par les volontaires doivent également être considérés comme des réels partenariats ; il ne s’agit en aucun cas de prestations contre rémunération mais bien de moments d’échanges au sein d’un espace de valorisation mutuelle.Comment avez-vous élaboré votre projet pédagogique ?Les jeunes sont regroupés en équipe de huit et accompagnés par un responsable. Ils/elles s’engagent pendant 6 à 9 mois dans un projet dynamique, appelé ‘Année Citoyenne’ reposant sur 3 axes :Un engagement citoyen sous forme de services à la collectivité et d'activités de rencontre :Tout au long du projet, les jeunes réalisent différentes actions de volontariat. Par exemple, retaper les locaux d’une association, distribuer des repas chauds aux plus démunis, participer aux travaux de gestion d’une réserve naturelle, participer à un projet international, etc… 2. Un temps de formations et de sensibilisations :L’action est complétée par un vaste programme éducatif poursuivant deux objectifs majeurs : préparer les volontaires aux actions qu’ils vont entreprendre (initiation aux travaux manuels, initiation aux techniques d’animation, initiation au secourisme… ) ; sensibiliser les volontaires à certaines grandes thématiques de société (développement durable, éducation à la démocratie, respect de la différence, relations Nord-Sud…). 3. Une étape de maturation personnelle :L’engagement volontaire doit aussi être une étape pour soi. Grâce à un encadrement personnalisé, chaque jeune est accompagné dans la construction de son projet post-Solidarcité.L’année citoyenne est orientée autour de 4 objectifs spécifiques :1. Redonner à chaque jeune le goût et la possibilité concrète d’exercer sa citoyenneté de façon active et dynamique;2. Permettre le brassage des publics et favoriser la rencontre de jeunes issus de quartiers différents, de milieux socioculturels différents ;3. Offrir à tous les jeunes un plus pour leur avenir en améliorant leur statut socioprofessionnel ainsi que leur statut personnel ;4. Contribuer au développement associatif et au renforcement du "vivre-ensemble".Comment chaque équipe fonctionne-t-elle ?Nous voulons que les jeunes soient acteurs de leur année : ils co-construisent leur programme en trouvant des partenaires liés à leurs thématiques que ce soit pour des chantiers ou des sensibilisations, Il faut que cela soit win-win pour les jeunes et pour l’association partenaire.Pour les jeunes, cela peut être de la valorisation personnelle, l’ouverture aux différents mondes de la solidarité active, l’acquisition de «savoirs», «savoir-être» et «savoir-faire».Du point de vue des partenaires, c’est la concrétisation de projets qui auront un impact positif sur leurs publics cibles respectifs, ils font découvrir leurs actions.Bachelard a écrit que « le monde entier sans un TU ne peut rien donner » ; l’altérité est donc une construction mutuelle. En tant qu’actrice du projet, vous et vos collègues le ressentez-vous comme tel ?Je suis convaincue que la force du projet est le collectif, car cela encourage une conscience de solidarité et d'entraide par la complémentarité des volontaires au sein des équipes. Cela favorise également l'acquisition d'aptitudes sociales. Pour un jeune qui est perdu, savoir que chaque matin un groupe vous attend pour réaliser une activité est un réel moteur pour sortir de l’isolement. De plus avec Solidarcité, les jeunes s’investissent dans le monde actuel de manière positive. Solidarcité est un projet bienveillant, qui assure un encadrement rapproché du jeune et répondant à ses besoins personnels.En savoir plus ou pour faire un don à notre associationCette altérité, véritable force vive de Solidarcité car elle aide beaucoup de jeunes à relever leur ligne d’horizon, conforte davantage cette remarque d’Albert Jacquard : « La tolérance, c’est accepter la différence, l’altérité, c’est s’intéresser à la différence ».Alors, vous ne trouvez pas que l’optimisme est au rendez-vous en 2025 ?Nous remercions la comtesse Emmanuel de Ribaucourt pour la rédaction de cette interview.
Toutes les actualités
De la finance aux foyers solidaires : un engagement qui donne du sens
Bernard de la Vallée Poussin Né le 29 octobre 1991 à Saint Germain en Laye (France) Belge & Français AvocatJeune Belge élevé dans un environnement international et multi culturelJe suis très attaché à ma nationalité Belge. Les familles de mes deux parents appartiennent à la noblesse du Royaume de Belgique et comportent certaines personnalités inspirantes.Né en France, j’ai également été élevé dans un environnement international et multiculturel. Depuis mon enfance, j’ai appris à apprécier la richesse de la diversité tout en ayant une affection profonde pour mon identité et mes racines Belges.Avocat engagé au service des acteurs de la croissanceA l’issue d’un double cursus universitaire en droit et finance, entièrement réalisé en France, je suis devenu avocat au Barreau de Paris spécialisé en droit des sociétés. En pratique, j’interviens en qualité de conseil juridique dans des opérations de croissance externe (Fusions-Acquisitions) et d’investissement (Private Equity). Plus spécifiquement, j’ai développé une appétence personnelle pour les opérations de levée de fonds de start-up (Venture Capital). J’ai beaucoup de plaisir à accompagner quotidiennement des dirigeants de groupes internationaux, des investisseurs et des créateurs d’entreprises. Ce sont des personnes passionnées. Leur engagement professionnel est absolu. Et le fruit de leur travail est un pilier de la croissance de notre Economie et participe plus généralement à la construction du Bien Commun.J’ai la chance d’exercer un « métier passion » au service du développement de l’Economie. Toutefois, je reconnais que cette profession nécessite un engagement total et la faculté de savoir repousser ses limites. En effet, certains dossiers nécessitent de travailler de jour comme de nuit, en semaine comme durant le week-end.Cette façon d’exercer ma profession d’avocat fait écho à mon caractère passionné et engagé. J’ai très tôt découvert le plaisir d’apprendre à me surpasser pour réaliser mes rêves.Sur le plan extraprofessionnel, je garde précieusement en mémoire la joie que j’ai ressentie en réalisant l’ascension du Mont-Blanc et la fierté qui m’a habitée en devenant Vice-Champion de France par équipe en saut d’obstacles.J’insiste sur le fait que lors de ces deux expériences, j’ai été mué par la force d’un collectif. Je crois fermement que – tant dans l’environnement professionnel que dans la sphère extraprofessionnelle – le collectif donne du sens et permet de mettre en valeur les individualités qui le compose.La solidarité comme vecteur de croissanceAu cours de l’année 2023-2024, mon cabinet d’avocats (https://www.uggc.com) m’a offert la possibilité d’effectuer un détachement permanent au sein de son bureau en Belgique. Cette expérience m’a permis de m’inscrire au Barreau de Bruxelles (Liste E) et d’approfondir mes connaissances en droit Belge des sociétés. J’ai notamment été impliqué dans plusieurs opérations transfrontalières entre la France et la Belgique.Lors de ce détachement, j’ai également eu la chance de vivre pendant un an au sein de la colocation Lazare. Il s’agit sans aucun doute de l’une de mes plus belles expériences !Lazare (https://www.lazare.eu) est une association d’origine française qui propose des colocations solidaires entre jeunes actifs et anciens sans abris. A Bruxelles, il existe deux maisons Lazare : une première colocation de 10 hommes et une seconde colocation de 12 femmes. Une famille bénévole est responsable de chacune des maisons. Chaque famille responsable habite dans son propre appartement à côté des deux maisons.Au quotidien, nous vivons ensemble, tout simplement. C’est ni plus ni moins qu’une vie en colocation. Nous sommes tous coloc’ au même titre : chacun paye une indemnité d'occupation, la même pour tous (certains bénéficient des aides publiques liées à leur statut).Lazare offre la possibilité de réunir sous un même toit des personnes venant de tout horizon. Certains de mes colocs issus de la galère ont vécu de véritables drames personnels et/ou souffrent d’addiction(s).J’ai été immédiatement séduit par l’intensité et la beauté de cette vie en colocation. La maison Lazare des hommes de Bruxelles est un collectif uni et très attachant qui m’a fait grandir. J’ai énormément appris auprès de mes colocs. A Lazare, on rit beaucoup, on partage également la peine de chaque coloc qui va mal. Mais de jour en jour, on est porté par une joie profonde qui nous habite.La vie en colocation Lazare est compatible avec un engagement professionnel. Ces deux expériences se nourrissent mutuellement. Je suis désormais convaincu que la solidarité et la gratuité sont des vecteurs de croissance.Lazare est une douce folie au cours de laquelle l’extraordinaire est vécu quotidiennement : Lazare permet à des personnes de sortir de la rue ; Lazare répond à la quête de sens qui habite les jeunes actifs ; Lazare inspire à chacun de ses colocs de nouveaux projets personnels et/ou professionnels.De toutes mes expériences, Lazare est ma plus belle aventure !Cette aventure extraordinaire est à portée de main. Chaque personne intéressée peut franchir les portes d’une colocation Lazare (https://www.lazare.eu/devenir-coloc) ou soutenir ce projet (https://www.lazare.eu/faire-un-don).Nous remercions Philippe de Potesta pour la rédaction de cette interview.
Norbert de Ribaucourt : Un itinéraire sous le projecteur
Ce mois-ci, nous braquons les projecteurs sur le comte Norbert de Ribaucourt, dont l’énergie et la créativité éblouissantes ont donné naissance à une entreprise artisanale innovante. Artiste dans l’âme, touche-à-tout, anticonformiste et doté d’une vision claire et réaliste, il place la création au cœur de son quotidien, reléguant au second plan tout ce qui pourrait freiner son inspiration. Son atelier est à l’image de l’artisan : plein à craquer… d’idées. Heureusement, sa radieuse épouse Nathalie, par sa rigueur et son sens de l’organisation, veille à l’équilibre de cette dynamique ardente. Un duo complice et complémentaire, où l’un conçoit et innove pendant que l’autre structure et harmonise.L’aventure commence après quelques expériences dans différentes entreprises, en 2012 se sentant peu à peu s'éteindre sous le poids de la routine, Norbert décide de mettre à profit ce que son parcours académique lui a offert : l’électromécanique et les relations publiques. Il se lance alors à son compte grâce au programme Job Yourself, une couveuse d'entreprises qui éclaire la voie des nouveaux entrepreneurs en les libérant des contraintes administratives initiales. De cette liberté naît Novatrade, une entreprise spécialisée dans l’éclairage.Dès ses débuts, Norbert s’investit pleinement : conseil, vente, installation des produits… Rien ne lui échappe. Son ambition initiale ? Proposer des lampes démontables dans lesquelles le système d’éclairage "retrofit" peut être remplacé ou réparé, limitant ainsi le gaspillage. Rapidement, son attention se porte sur l’amélioration du CRI (Color Rendering Index) et de la température Kelvin, afin d’obtenir une lumière aussi naturelle qu’une bougie (2200 Kelvin) tout en offrant la possibilité de s’adapter à la clarté du jour ou même de contrer le clair de lune si nécessaire (6500 Kelvin). Il ne s’arrête pas là et travaille sur l’étanchéité de ses luminaires, atteignant l’indice IP65, garantissant une protection contre la poussière et l’humidité.Comme tout entrepreneur, il débute dans l’ombre : porte-à-porte pour sensibiliser aux avantages économiques des LED, puis bouche-à-oreille, avant de puiser son inspiration à l’international. Salons de Francfort, designers italiens, tendances du marché : il observe, analyse et affine sa vision avant de concevoir ses propres luminaires en laiton.Pourquoi le laiton ? Ce matériau noble résiste à la corrosion et est recyclable. De plus, sa patine capte la lumière et crée des jeux de reflets subtils et fascinants. Idéal pour les environnements extérieurs comme intérieurs, il incarne la robustesse et l’élégance intemporelle. Présentée sous la marque « Novatrade Lighting », Norbert propose désormais des appliques, spots, hublots, encastrés, plafonniers et bien sûr, son fameux "Zapa".Véritable étoile modulable de la gamme, le "Zapa" incarne l’innovation signée Norbert. Disponible avec une base en laiton, une tige longue ou un étrier, ce projecteur LED de 1W ou 1,5W est doté d’une tête pivotante à 180°, s’adaptant ainsi à toutes les exigences : illumination de parterres, jeux d’ombres, mise en valeur d’objets, d’arbres, etc.Depuis 2020, Novatrade Lighting multiplie les collaborations avec des architectes paysagistes, architectes et décorateurs. L’entreprise intervient sur des projets en Belgique, sur la Côte d’Azur, ainsi qu’en Suisse et au Portugal : son rayonnement dépasse largement les frontières.Un métier, trois expertises :Concepteur lumière : il analyse le projet, visite le site et écoute les attentes du client pour proposer une étude d’éclairage harmonieuse et esthétique.Distributeur d’éclairage : il propose une large gamme de luminaires d’intérieur et d’extérieur, sélectionnant des marques reconnues et des designers émergents, tout en développant sa propre ligne en laiton.Fabricant sur mesure : il conçoit des luminaires adaptés aux besoins spécifiques de chaque projet, alliant technologie et esthétique raffinée.Un faisceau d'indices concordants témoigne de son expertise : des solutions lumineuses sur mesure et des ambiances sculptées avec finesse. Brillant !Qu'il s'agisse d’expositions (photographes, antiquaires, etc.), d’événements, de vitrines, d’habitations privées, de festivités ou de salons, cet « Artisan de l'invisible » crée des ambiances, met en valeur les scènes et guide l'attention du public grâce à son art de l’éclairage. Qu'il intègre la lumière naturelle ou artificielle de manière innovante et esthétique, ou qu'il utilise les rayons de ces dernières pour sublimer jardins, sujets ou objets, il conçoit, distribue et fabrique l'éclairage sur mesure… Un maître des lumières en somme.https://www.novatrade.behttps://www.novatradelighting.comNous remercions le comte Pierre-Alexandre de Lannoy pour la rédaction de cet article.
Solidarcité : un tremplin citoyen pour la jeunesse
Quand la vie professionnelle permet de lancer un projet constructif et revalorisant : SOLIDARCITE !Maman de trois enfants, Marie de Dorlodot en est la cheville ouvrière et nous en parle avec passion.Comment est née cette association ? A partir de quels constats ?Le projet d’Année citoyenne Solidarcité est né il y a 25 ans sur la base des constats suivants qui sont encore d’actualité plus de 20 ans après :De nombreux jeunes adultes, bien que fragilisés, se trouvent exclus des dispositifs de l’aide à la jeunesse et doivent dès lors se tourner vers des dispositifs pour adultes (CPAS, OISP ...) ne répondant pas à leurs attentes.Des phénomènes de décrochage scolaire persistants. Par ailleurs, bon nombre des jeunes intégrant l'année citoyenne connaissent et nous livrent un rapport pour le moins conflictuel, désabusé voire douloureux vis à vis d'un système scolaire duquel ils se sont sentis exclus, incompris, voire parfois humiliés, pour des raisons diverses : décrochage, orientation peu pertinente…Les difficultés d’accès, pour les jeunes en difficulté, à des espaces de citoyenneté active.Les occasions de « brassage » social sont de plus en plus ténues, que ce soit à l’école, dans les quartiers ou dans les lieux de loisirs. Cette forme de ghettoïsation de la jeunesse a pour conséquence que certains groupes de jeunes ne se côtoient plus, renforçant les préjugés et les jugements réducteurs.L’identification de logiques cloisonnées dans l’approche des jeunes par les différentes politiques publiques.Ces constats ont amené l’idée de construire à leur intention un programme qui se fixe comme but de donner au plus grand nombre possible de jeunes, filles et garçons, l’opportunité de prendre part à un projet citoyen, tout en contribuant à renforcer la solidarité sous toutes ses formes.Cette idée, c’est l’Année Citoyenne; ce programme, c’est Solidarcité qui compte 8 asbl.L'Année citoyenne Solidarcité a pour principal objectif l’accompagnement social et éducatif de jeunes. Elle vise à favoriser leur développement personnel ainsi que leur intégration dans la société en tant que citoyens responsables, actifs, critiques et solidaires (CRACS).Pour critiquer la société, il faut la connaître. Quel public avez-vous contacté et où ?Les bénéficiaires directs sont des jeunes âgés de 16 à 25 ans aux difficultés personnelles importantes. Il s’agit d’un public pour lequel nous prenons un risque éducatif plus important (gestion quotidienne plus difficile, risque d’échec plus élevé ...) mais qui pourra bénéficier d’une stimulation positive engendrée par le reste du groupe. Ils sont généralement orientés vers notre projet par le secteur de l'Aide à la Jeunesse (36,7%) ou par leur entourage proche (17,4%) ou encore par le secteur de la santé mentale (12%).Le brassage des publics est un élément important à prendre en compte lors de la constitution des équipes. L'hétérogénéité des situations personnelles et des horizons socio-économiques et socioculturels permet la rencontre entre les jeunes qui auraient eu peu de chance de se rencontrer en raison des cloisonnements existants entre les classes sociales.Le projet est ouvert à toutes et tous, tout en se donnant les garanties d'un accès privilégié aux jeunes les plus fragilisés.En ce qui concerne notre public cible pour l'année 2023-2024, ce sont majoritairement des garçons (63%), mineurs.Les bénéficiaires indirects sont les 460 partenaires qui ont bénéficié de l'aide des jeunes volontaires via l'axe "services à la collectivité" du programme de l'année citoyenne, c’est-à-dire toutes les actions entreprises gratuitement par les volontaires au bénéfice de partenaires associatifs. Ces derniers sont, pour la plupart, des associations sans but lucratif défendant des valeurs « humanistes » et qui n’ont pas les moyens humains et/ou financiers pour mener à bien certains de leurs projets. Les services rendus par les volontaires doivent également être considérés comme des réels partenariats ; il ne s’agit en aucun cas de prestations contre rémunération mais bien de moments d’échanges au sein d’un espace de valorisation mutuelle.Comment avez-vous élaboré votre projet pédagogique ?Les jeunes sont regroupés en équipe de huit et accompagnés par un responsable. Ils/elles s’engagent pendant 6 à 9 mois dans un projet dynamique, appelé ‘Année Citoyenne’ reposant sur 3 axes :Un engagement citoyen sous forme de services à la collectivité et d'activités de rencontre :Tout au long du projet, les jeunes réalisent différentes actions de volontariat. Par exemple, retaper les locaux d’une association, distribuer des repas chauds aux plus démunis, participer aux travaux de gestion d’une réserve naturelle, participer à un projet international, etc… 2. Un temps de formations et de sensibilisations :L’action est complétée par un vaste programme éducatif poursuivant deux objectifs majeurs : préparer les volontaires aux actions qu’ils vont entreprendre (initiation aux travaux manuels, initiation aux techniques d’animation, initiation au secourisme… ) ; sensibiliser les volontaires à certaines grandes thématiques de société (développement durable, éducation à la démocratie, respect de la différence, relations Nord-Sud…). 3. Une étape de maturation personnelle :L’engagement volontaire doit aussi être une étape pour soi. Grâce à un encadrement personnalisé, chaque jeune est accompagné dans la construction de son projet post-Solidarcité.L’année citoyenne est orientée autour de 4 objectifs spécifiques :1. Redonner à chaque jeune le goût et la possibilité concrète d’exercer sa citoyenneté de façon active et dynamique;2. Permettre le brassage des publics et favoriser la rencontre de jeunes issus de quartiers différents, de milieux socioculturels différents ;3. Offrir à tous les jeunes un plus pour leur avenir en améliorant leur statut socioprofessionnel ainsi que leur statut personnel ;4. Contribuer au développement associatif et au renforcement du "vivre-ensemble".Comment chaque équipe fonctionne-t-elle ?Nous voulons que les jeunes soient acteurs de leur année : ils co-construisent leur programme en trouvant des partenaires liés à leurs thématiques que ce soit pour des chantiers ou des sensibilisations, Il faut que cela soit win-win pour les jeunes et pour l’association partenaire.Pour les jeunes, cela peut être de la valorisation personnelle, l’ouverture aux différents mondes de la solidarité active, l’acquisition de «savoirs», «savoir-être» et «savoir-faire».Du point de vue des partenaires, c’est la concrétisation de projets qui auront un impact positif sur leurs publics cibles respectifs, ils font découvrir leurs actions.Bachelard a écrit que « le monde entier sans un TU ne peut rien donner » ; l’altérité est donc une construction mutuelle. En tant qu’actrice du projet, vous et vos collègues le ressentez-vous comme tel ?Je suis convaincue que la force du projet est le collectif, car cela encourage une conscience de solidarité et d'entraide par la complémentarité des volontaires au sein des équipes. Cela favorise également l'acquisition d'aptitudes sociales. Pour un jeune qui est perdu, savoir que chaque matin un groupe vous attend pour réaliser une activité est un réel moteur pour sortir de l’isolement. De plus avec Solidarcité, les jeunes s’investissent dans le monde actuel de manière positive. Solidarcité est un projet bienveillant, qui assure un encadrement rapproché du jeune et répondant à ses besoins personnels.En savoir plus ou pour faire un don à notre associationCette altérité, véritable force vive de Solidarcité car elle aide beaucoup de jeunes à relever leur ligne d’horizon, conforte davantage cette remarque d’Albert Jacquard : « La tolérance, c’est accepter la différence, l’altérité, c’est s’intéresser à la différence ».Alors, vous ne trouvez pas que l’optimisme est au rendez-vous en 2025 ?Nous remercions la comtesse Emmanuel de Ribaucourt pour la rédaction de cette interview.
Du microscope au télescope
Interroger à ce sujet le baron Yves Jongen, ingénieur en électronique et en physique nucléaire, passionné d’astronomie et d’astrophotographie, fut une aubaine ! Se partageant entre Louvain-la-Neuve, le Vaucluse et le Chili où se situent ses télescopes, il a accepté de nous expliquer son parcours.En tant qu’ingénieur en électronique et en physique nucléaire, vous avez, dès la fin de vos études (1970), dirigé à Louvain-la-Neuve, le centre de recherches du cyclotron. De quoi s’agit-il ?Pour créer un point d’attraction sur le nouveau campus, l’UCL décide que le premier bâtiment sera le « centre de recherches du cyclotron ». Je termine à ce moment mes études avec un double diplôme : électronique et physique nucléaire, et je suis engagé par l’UCL comme responsable technique de ce nouveau centre de recherchesComment en êtes-vous arrivé à redessiner le cyclotron pour l’adapter aux utilisations cliniques ?Même si le centre de recherche du cyclotron de l’UCL était prévu au départ uniquement pour les recherches en physique nucléaire, les physiciens de l’UCL, menés par Pierre Macq ont partagé leur outil avec des chercheurs d’autres disciplines et, sous l’impulsion du Docteur André Wambersie, responsable de la radiothérapie aux cliniques universitaires Saint Luc, nous avons développé une nouvelle méthode de radiothérapie du cancer utilisant des faisceaux de neutrons.En 1982 et 1983, j’ai effectué un séjour sabbatique au « Lawrence Berkeley National Laboratory ». Ce séjour a été pour moi l’occasion de réfléchir en profondeur à mon métier de développeur de cyclotrons. Il m’est apparu très clairement que nous arrivions à la fin de l’âge d’or du cyclotron utilisé comme outil de recherche en physique nucléaire. Il fallait donc repartir d’une feuille blanche, et reprendre à zéro le dessin du cyclotron. C’est la tâche à laquelle je me suis attelé à Berkeley d’abord, puis de retour à Louvain-la-Neuve avec mon équipe au centre de recherche du cyclotron. Avec l’équipe du CRC, nous dessinons un nouveau type de cyclotron pour la production de radioisotopes, dont les performances devraient être très supérieures à ce qui existait à l’époque. Mais aucun industriel belge n’est intéressé à construire et à commercialiser cette nouvelle machine. C’est alors que nait l’idée de fonder une société, qui sera un spin-off de l’université pour réaliser et commercialiser notre nouveau dessin de cyclotron. La société est fondée en mars 1986, et s’appellera Ion Beam Applications, ou IBA.Que représente IBA aujourd’hui ?IBA, aujourd’hui, c’est avant tout 2200 collaborateurs, dont un peu plus de 1000 à Louvain-la-Neuve et le reste un peu partout dans le monde. Le chiffre d’affaires annuel excède 400 M€. A côté des cyclotrons pour la production de radioisotopes médicaux, ou nous sommes toujours un des leaders mondiaux, IBA est aussi devenu le leader mondial dans les équipements pour la thérapie du cancer au moyen de faisceaux de protons : la protonthérapie. Cette méthode de traitement permet de mettre la dose de rayonnement dans la tumeur visée, en mettant beaucoup moins de rayonnement dans les tissus sains proches de la tumeur. De ce fait, les effets secondaires de la radiothérapie sont fortement réduits. Aujourd’hui, près de 150.000 patients ont été traité avec les équipements de protonthérapie d’IBAMais IBA n’est pas qu’une pépite technologique, c’est aussi une entreprise qui montre l’exemple par son rôle social dans le monde économique belge. Le premier actionnaire d’IBA est une société holding coopérative des employés et cadres de la société. IBA a été la première société cotée belge a gagner le prestigieux label de « B Corporation » qui reconnait les sociétés les plus avancées dans le domaine du rôle social des entreprises.Le cosmos et les galaxies lointaines ont aussi capté et captivé votre regard et vos recherches. Comment étudiez-vous le ciel et comment le photographiez-vous ? Je suis arrivé à l’astronomie un peu par hasard, mais c’est devenu une réelle passion pour moi. Je me suis installé un observatoire astronomique en Provence, avec un beau télescope que je peux programmer à distance, sur internet. Et puis, il y a presque 6 ans, je me suis installé un second télescope au sommet d’une montagne au Chili, dans une « ferme à télescopes » créée par deux français. Ce deuxième télescope au Chili, je le programme aussi à distance par internet. Durant des années, j’ai fait de l’astrophotographie, pour montrer les couleurs extraordinaires des nébuleuses et des galaxies lointaines. Et puis, ma vocation de physicien a pris le dessus, et je suis passé à l’astrophysique. Depuis plusieurs années, j’étudie les exoplanètes, c’est-à-dire les planètes qui tournent autour d’autres étoiles que notre soleil, et je mesure avec précision le moment où elles passent devant leur étoile, ce qui permet d’étudier précisément leur orbite et permet parfois de détecter la présence d’autres planètes, pas encore observées, autour de cette étoile.Conclusion : Certains d’entre nous parlent encore de la théorie de la relativité d’Einstein. Mais pour moi, ce n’est pas une théorie, c’est une réalité de ma vie quotidienne ! Si nous ne tenons pas compte précisément des effets relativistes dans nos calculs d’astrophysique, les résultats seront faux : tant dans le domaine de l’infiniment petit que dans le domaine de l’infiniment grand, les mêmes lois nous régissent. Nous remercions Claire de Ribaucourt pour cet article
Profession : juge de paix
Frédéric de Montpellier d’Annevoie de Villermont Licencié en droit et titulaire d’un DES en droit de l’environnement et droit public immobilier, j’ai entamé et poursuivi une carrière d’avocat au barreau de Namur dans un cabinet généraliste, durant dix ans; après la réussite de l’examen d’aptitude professionnelle à la magistrature en 2011, j’ai été nommé substitut du Procureur du roi près le tribunal de première instance de Neufchâteau, avant d’être nommé quatre années plus tard, soit début 2017, juge de paix du canton de Thuin.Philippe de Potesta : Quels aspects de la magistrature vous ont semblé complémentaires ou différents de votre passé d’avocat ? Frédéric de Montpellier : Le barreau et ses trois premières années de stage constitue à mon sens la meilleure école pour un jeune juriste, qui, dans des domaines et des situations très variés et parfois tragiques, va conseiller son client, défendre ses intérêts, le cas échéant dans le cadre d’une procédure contentieuse. D’une certaine façon l’avocat est le premier juge d’un dossier qu’il jaugera et tâchera d’orienter. Le substitut du procureur, qui s’occupe essentiellement des matières pénales, soit qui touchent à l’ordre public, dirige les enquêtes et initie s’il y a lieu les poursuites devant les tribunaux. Bien plus qu’un avocat de l’accusation, il propose une solution de justice en qualité de garant de l’intérêt général. Enfin, un magistrat du siège, tel qu’un juge de paix, a pour mission de trancher les litiges qui lui sont soumis par les parties au procès. Il apporte une solution juridique finale au dossier, sous réserve d’un éventuel recours.PH de P : Comment se déroule une journée typique dans l’exercice de vos responsabilités ?F de M : Le Juge de paix est un juge de proximité comme on dit dans le jargon. Il est revêtu d'une juridiction contentieuse (par exemple les baux, le droit des biens, les copropriétés etc) et d'une juridiction gracieuse (protection des personnes vulnérables, soit les mineurs, les majeurs incapables et les malades mentaux). Chaque semaine, je tiens une audience d’introduction ou de plaidoiries, une audience de conciliation, une audience de cabinet (la protection des personnes), des vues des lieux généralement avec expert (architecte, géomètre, forestier ou agricole), des visites en maison de repos ou dans les hôpitaux (protection des personnes). Soit un quotidien partagé entre le travail purement intellectuel (rédaction de jugements) et un travail de terrain au contact des justiciables où la mission de conciliateur du juge de paix prend tout son sens. Lorsque le juge de paix exerce sa juridiction gracieuse (mineurs, protections des incapables majeurs, des malades mentaux), il est fréquent qu’il tente de mettre du baume sur des relations humaines abîmées ou les blessures de personnes désespérées. Ces contacts permettent parfois de parvenir à leur dire qu’elles sont uniques, et que la grandeur et le sens d’une vie ne se mesurent pas à la performance ou la richesse mais à l’amour que l’on répand, d’abord vers nos proches. Et parfois on assiste à des miracles !Ph de P : Selon vous, quels sont les enjeux majeurs pour la justice face aux mutations de notre société ?F de M : Plusieurs éléments sont essentiels pour qu’une justice efficace soit rendue. Une société juste ne peut exister que si les magistrats ont la capacité de remplir leur rôle dans des conditions optimales. Ces dernières années, on a souvent déploré le sous-financement de la justice. Par ailleurs, l’indépendance fonctionnelle du pouvoir judiciaire doit être garantie, lequel doit être protégé des pressions indues du pouvoir exécutif (on évoque par exemple le fait que les fonctionnaires fédéraux puissent être un jour passé au screening de la Sûreté de l’État). Une autre source d’inquiétude pourrait être consécutive à l’adoption de législations qui attaquent la dignité et l’intégrité humaine, notamment en matière éthique. A l’instar de l’objection de conscience des médecins, qui est de plus en plus remise en cause, le magistrat pourrait être confronté à des cas de conscience.Ph. de P. : Merci beaucoup à vous, Frédéric , de nous avoir partagé votre amour du métier ainsi que vos réflexions à propos de la justice et de notre société actuelle .Interview réalisé par Philippe de Potesta
L’Everest de la presse écrite et de nos démocraties
Les défis actuels de la presse écrite ne sont pas minces : ils sont titanesques. Le bon fonctionnement de nos démocraties repose directement sur la lucidité des opinions publiques par rapport aux grands enjeux de nos sociétés. Or, l’Histoire montre combien la manipulation des opinions publiques est possible, et peut mener à des dérives catastrophiques. La presse libre a joué historiquement un rôle pivot dans les sociétés démocratiques ; grâce à ses rédactions professionnelles, aux grands faits de société, aux débats, à la vie politique, sociale et économique…Un gouvernement vantera toujours son bilan, une entreprise communiquera toujours sur ses actions positives, un parti politique exprimera toujours son analyse des enjeux dans la perspective de son idéologie, idem pour un syndicat. La presse indépendante n’est pas juge et partie. Ses journalistes sont formés à l’esprit critique, bien sûr, la presse n’est pas exempte de biais et d’erreur, mais structurellement, elle n’a des comptes à rendre qu’à ses lecteurs. La qualité de son travail est le gage de sa crédibilité et de son succès. Et ce qui confère à la presse sa liberté, c’est son autonomie économique, c’est en effet grâce aux lecteurs abonnés (au journal ou aux éditions digitales) ou qui achètent leur journal, ainsi qu’aux annonceurs publicitaires, que les journaux peuvent rémunérer les journalistes, agences de presse et tous les autres services indispensables, sans dépendre d’un pouvoir public – politique subsidiant, susceptible d’interférer dans cette autonomie d’action. Une concurrence destructriceSous l’Ère de la presse papier, les revenus étaient au rendez-vous avec un journal papier que les lecteurs achetaient en grand nombre. Le produit se plagiait difficilement. Et puis, surtout, les pouvoirs publics ne le concurrençaient pas. Sous l’Ère internet, le modèle économique a radicalement changé. Les médias internet se commercialisent difficilement, leurs contenus sont facilement plagiés, et les pouvoirs publics leur font une concurrence destructrice. Depuis le début des années 2000, les éditeurs de presse ont investi dans le développement des médias digitaux, sites internet et applications mobiles. Les audiences sur ces médias digitaux sont devenues très importantes, plus importantes qu’elles ne l’étaient sous l’Ère papier. Mais voilà, les revenus générés par cette économie digitale de la presse restent encore aujourd’hui insuffisants pour couvrir les coûts de production et de diffusion des contenus rédactionnels. Et le gouvernement de la Vivaldi, en supprimant brutalement la concession postale pour la distribution des journaux, a porté un coup catastrophique à la presse, à tel point qu’aujourd’hui, les éditeurs ne savent pas comment ils pourront poursuivre l’activité de presse papier au-delà de 2026. Sans une modification majeure des modalités de distribution, le coût du portage des abonnements papier à domicile deviendra trop élevé pour de nombreuses zones géographiques. En ce début 2025, force est de constater que les autorités publiques à tous les niveaux, européens, belges, communautaires, sont en échec quant à la création d’un cadre juridique qui permette à la presse de trouver son modèle économique à l’Ère digitale. À titre d’exemples, la Communauté française (FWB) mène une concurrence destructrice via le site de la RTBF qui freine le marché payant de la presse en ligne, le gouvernement fédéral a supprimé la concession postale avec pour conséquence une explosion des coûts de distribution, l’Europe et la Belgique n’arrivent pas à prendre des mesures juridiques efficaces pour assurer une juste rémunération des contenus de la presse spoliés par les plateformes internationales et les acteurs de l’intelligence artificielle ? Enfin, les autorités de protection de la vie privée rendent très difficile la collecte des données indispensables pour commercialiser les sites d’information. Ère des fake newsLes réseaux sociaux ont permis l’explosion de toutes les formes de manipulations de l’information, depuis les puissances étrangères, en passant par les complotistes, et activistes. Alors qu’en face de ce tsunami de fake news, il faudrait renforcer la presse indépendante, c’est – vous l’aurez compris - l’inverse qui se passe. Le Brexit, les victoires de Donald Trump, l’assaut meurtrier du Capitole, la propagande du Kremlin, les théories complotistes, certaines polémiques autour du Covid, et la montée des populismes de gauche comme de droite témoignent des conséquences inquiétantes de la propagation des fake news. Avec l’intelligence artificielle, nous entrons dans une nouvelle Ère de la manipulation, les montages photos, vidéos, sons, seront monnaie courante, il sera de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux. Dans un tel contexte, on peut penser que les citoyens se référeront de plus en plus aux sources crédibles, professionnelles d’information. On assiste toutefois à deux mouvements contradictoires, alors que les sources d’information professionnelle deviennent de plus en plus importantes pour éviter d’être pollué par les fake news, une partie significative de la population préfère partager des fake news que des informations vérifiées … Infime espoirLa victoire de Donald Trump et l’ascension politique d’Elon Musk (patron du réseau X) ont poussé le dirigeant de Meta à changer de cap : son groupe ne compte plus vérifier la véracité des publications diffusées sur Facebook ou Instagram. L’ouverture des vannes sur X a déjà transformé l’ex-Twitter en une décharge publique. Ces politiques, favorables à l’extrême droite et au populisme, menacent la résilience et les fondements de nos démocraties : rejet des politiques, critique des médias traditionnels, polarisation violente de la société, avec des violences verbales et physiques à la clé. Nos pays se trouvent ainsi fragilisés par leur dépendance aux géants technologiques américains et par l’addiction aux plateformes comme X, Facebook et Instagram. Les patrons des GAFAM pourraient devenir les faiseurs de rois des mouvements radicaux et extrémistes. C’est l’heure du crash-test. Il est désormais évident que les réseaux sociaux sont des armes politiques redoutables. Leurs algorithmes nous enferment dans nos convictions ou nous noient dans les eaux troubles du complotisme et du mensonge éhonté, répété et assumé. Cependant, cette évolution pourrait se retourner contre eux pour autant qu’un sursaut de lucidité habite une majorité de citoyens, les grands annonceurs publicitaires et les gouvernements. La seule réponse aux fake news, c’est une information de qualité en abondance, grâce à un secteur de la presse libre florissant. Pour cela, nos démocraties ont besoin de citoyens en grands nombres qui s’abonnent à une presse de qualité de leur choix, nos démocraties ont besoin d’acteurs économiques responsables, qui investissent leurs budgets marketing dans des médias de qualité, nos démocraties ont besoin de gouvernants qui adoptent des mesures qui permettent l’émergence d’une économie digitale de la presse. L’opportunité d’un revirement historique existe. Reste à la saisir… Dorian de MeeûsRédacteur en chef de La Libre Belgique
Fleur de Changy nous parle du 5e Salon des Arts et du Terroir qui se tiendra à l’ANRB les 15 et 16 février prochains. Une merveilleuse célébration de créativités et de saveurs grâce à la présence de nos membres exposants.
Philippe de Potesta : bonjour Fleur, le prochain Salon des Arts et du Terroir aura bientôt lieu. Vous nous en dites un peu plus ?Fleur : bien volontiers ! Les 15 et 16 février prochains s’ouvriront les portes de la 5e édition de cette exposition. Cette année, nous l’agrémentons d’une nouveauté : les 30 artistes seront accompagnés d’artisans culinaires ! Ce sera l’occasion de découvrir 35 talents toute disciplines artistiques, styles et matériaux confondus, bons amateurs et professionnels, et de goûter à leurs délicieux produits. Philippe : comment sélectionnez-vous les artistes qui exposeront ? D’après un thème particulier ? Fleur : l’idée première est de mettre en avant les talents des membres et tout l’or qu’ils ont dans les doigts. La sélection faite parmi les nombreuses candidatures reçues chaque année n’est franchement pas facile. Nous essayons chaque fois de faire en sorte que les visiteurs, lors de leur visite, aient tous une étincelle pour une œuvre, un style, un matériau, un artiste. Cette année, ils y découvriront donc autant des portraitistes, que des sculpteurs animaliers, paysagistes, photographes, de l’art abstrait, des toiles conçues en matériaux de récupération… Ou encore des supports très particuliers tels que des œuvres lumineuses. L’éventail des disciplines artistiques est donc très large et sans thème particulier si ce n’est présenter les talents des membres de l’Association.Du côté des artisans culinaires, nous avons spécifiquement choisi des petites entreprises : l’artisanal sera donc au rendez-vous. Le savoir-faire et l’amour de ces producteurs pour des ingrédients purs et naturels valent à eux seuls le détour ! Ils sont pour la plupart les producteurs-transformateurs de ce que Dame Nature fait pousser dans leurs potagers, vergers, oliveraies ou vignobles… En prévision de la 6e édition, il est peut-être bon de préciser aux lecteurs que les candidatures peuvent être posées par des membres, leur conjoint et leurs enfants. Les exposants ne sont donc pas tous nécessairement de la noblesse.En ce qui concerne le rayonnement de tous ces exposants, ils ont chacun invité tous leurs clients, professeurs, élèves, etc. à venir admirer leurs dernières œuvres. Cette manifestation est donc ouverte à tous, membres et non-membres, amateurs d’art, de délices… et de patrimoine : la maison du « 25 » est un splendide écrin pour ce type d’exposition !Philippe : si je comprends bien, chaque édition est donc bien différente des précédentes…Fleur : effectivement ! Les Salons des Arts se suivent, mais ne se ressemblent pas. Depuis 2017, nous présentons 24 « nouveaux » artistes et artisans lors de chaque édition, dont certains grands noms de l’art. Les techniques, supports, matériaux… Changent donc à chaque fois. Comme dit plus haut, cette année, les arts graphiques seront assortis des arts culinaires : nous profiterons également de l’espace des JNB tout fraîchement rénové pour présenter des exposants qui raviront les pupilles et les papilles de nos visiteurs ! Du côté des coulisses, l’équipe organisatrice a également évolué : lors des premières éditions, le duo formé avec le baron Henry d’Anethan, alors Secrétaire général, a très bien fonctionné. Depuis quelques mois, un quatuor très féminin a pris place avec Madame Amaury de Troostembergh, Vice-Présidente, Madame Caroline Siraut et Mademoiselle Yolande de Borchgrave, du secrétariat. And last but not least, il est important de signaler que, comme plusieurs activités phares de l’ANRB, l’organisation bénévole permet de verser des bénéfices plus conséquents à Solidaritas.Philippe : observez-vous en général des ventes sur place ou des opportunités pour les exposants ?Fleur : oh oui ! À chaque édition, la plupart des exposants vendent une ou plusieurs œuvres. C’est notre petite récompense : nous aurons réussi à attirer l’attention des amateurs sur l’un ou l’autre talent jusqu’au point qu’il souhaite en garnir son intérieur. Nous espérons toujours que l’un ou l’autre galeriste y fasse aussi quelques repérages… Les 600 à 800 visiteurs présents à chaque édition montrent également tout l’intérêt du public pour ces grands talents. Philippe : le mot de la fin ?Fleur : comme organisatrices, nous n’avons vu la plupart des œuvres qu’en photos. Nous sommes impatientes d’y être parce que, comme chaque exposition, ce week-end artistique sera haut en couleur !5e Salon des Arts et du Terroir, les samedi 15 et dimanche 16 février de 10h30 à 18h30 au siège de l’ANRB. 8€ l’entrée pour les membres, 10€ pour les non-membres, gratuit <18 ans.Merci chère Fleur de nous avoir donné ces très intéressants renseignements qui permettront de mieux comprendre notre visite de ce Salon des Arts. Interview réalisé par Philippe de PotestaPlus d'informations
Un Amiral à la tête de de l’Institut Royal Supérieur de Défense
Même si les Amiraux commencent leur carrière au sein de la Marine avec un passage à bord de nos bâtiments de guerre, ils la poursuivent souvent dans des fonctions d’Etat-major et de direction au sein de la Défense. Ainsi, l’Amiral de flottille Baudouin Coppieters de Gibson a repris depuis peu les fonctions de Directeur Général de l’Institut Royal Supérieur de Défense. Né à Bruxelles en 1970, messire Baudouin Coppieters de Gibson, issu d’une ancienne famille originaire de Courtrai, incarne une longue tradition d’attachement au service de notre Royaume. En 1994, il obtint un diplôme d’ingénieur civil en télécommunications à l’École Royale Militaire (ERM) avant de suivre la formation d’officier de marine à l’École d’application de la marine. L’année suivante, il épousa Anastasie de Ghellinck d’Elseghem, avec laquelle il partage une vie familiale heureuse, enrichie par leurs quatre enfants.Issu d’une lignée militaire, Baudouin ne tarda pas à montrer un intérêt marqué pour les forces armées, perpétuant ainsi les traditions familiales. Son père, Xavier Coppieters de Gibson, ingénieur polytechnicien, fut colonel breveté d’État-Major (BEM), tandis que son grand-père maternel, le comte Maurice de Lannoy, servit comme lieutenant-colonel d’artillerie.Promu lieutenant de vaisseau en septembre 2000, il suit un postgraduat en ingénierie des systèmes d’information à l’École nationale supérieure des techniques avancées de Paris, qui lui confère, en 2002, le brevet d’ingénieur du matériel militaire. Suite à cette formation il rejoint la Direction Générale des Ressources Matérielles (DGMR) et suit ensuite le cours pour candidats officiers supérieurs au Collège de défense. Début 2008, il rejoint le Primula comme commandant en second. Il en devient le commandant en juillet de la même année, participant à des missions nationales et internationales. En 2010, il devient chef de la sous-section lutte anti-mines à la direction générale des ressources matérielles.En juin 2014, il devient commandant en second de la frégate Léopold 1er, participant à l’opération Atalante et à un programme dans le golfe de Guinée. Fin 2015, il lance le projet de renouvellement des capacités de lutte anti-mines, qui aboutit, en mars 2019, à l’attribution des contrats pour 12 navires équipés de drones au consortium Belgian Naval & Robotics.Le 15 mai 2019, il devient commandant de la frégate Louise-Marie et rejoint ensuite l’État-major jusqu’en juillet 2024 dans la gestion des systèmes navals et les programmes de renouvellement des capacités maritimes.Il est finalement nommé directeur général de l’Institut royal supérieur de défense, qui est, pour le ministère de la Défense, d’une part le centre d’étude et de réflexion dans le domaine de la sécurité et de la défense, et d’autre part le coordinateur et le facilitateur des activités dans le domaine de la recherche, du développement et de l'innovation.En Belgique, le grade d’amiral de flottille est le premier grade parmi les officiers amiraux.Au nom de tous ses membres, l’ANRB félicite chaleureusement Baudouin Coppieters de Gibson pour sa nomination et lui souhaite bon vent dans ses nouvelles fonctions, en particulier à l’heure où la Marine belge se prépare à relever les défis stratégiques de demain.Nous remercions le comte Pierre-Alexandre de Lannoy pour la rédaction de cet article.
Monsieur Adriaan Jacobovits de Szeged, ancien ambassadeur, entre autre, en poste en Russie, Ukraine et Moldavie, était l’invité des Conférences des Midis Culturels.
Il avait choisi comme thème de sa conférence : "La situation politique en Russie aujourd’hui ". Retrouvons ici les grandes lignes de son développement. Adriaan Jacobovits de Szeged a débuté sa conférence en affirmant que, bien que la Russie soit en partie située en Europe, elle n’est pas occidentale. Il a cité son professeur russe à l’université de Leyde, qui disait que la Russie devait être perçue comme un monastère, avec sa propre religion et sa propre culture. Selon cette vision, les habitants de ce "monastère" sont convaincus que leur culture est supérieure à celle d’un Occident qu’ils jugent décadent. Ce "monastère" est protégé de son environnement hostile par une force armée.L’orateur a souligné la résilience du peuple russe, sa patience — une qualité dont, selon eux, nous pourrions tirer des enseignements — et l’absence de la mentalité américaine « Si vous pouvez l’imaginer, vous pouvez le faire. » Pour les Russes, l’homme est soumis au destin, contre lequel il est inutile de lutter. L’influence de l’Église à travers les siècles a probablement joué un rôle à cet égard : Dieu décide, et il faut accepter son sort. L’individu se soumet à l’État, qui est vu comme seul capable de subvenir à ses besoins.Bien sûr, ce sont là des généralités. Heureusement, il existe des exceptions individuelles.Le régime actuel de la Russie, où le pouvoir est concentré entre les mains des services secrets dirigés par Poutine, est exceptionnel, même pour la Russie. Pendant l’ère soviétique, la police secrète était subordonnée au Parti.L’organe le plus important en Russie est le Conseil de sécurité, composé de quatorze membres, sous la présidence de Poutine, où sont prises toutes les grandes décisions. Cet organe est majoritairement constitué de membres des services secrets, de l’armée et de la police. À titre de comparaison, dans le Politburo de l’ère soviétique, le chef du KGB n’était presque jamais membre. Le Conseil de sécurité est alimenté par l’administration présidentielle, le principal organe d’État, qui prépare les décisions dans tous les domaines. Les ministères, eux, exécutent ces décisions.Adriaan Jacobovits a ensuite abordé la situation économique et sociale de la Russie : une croissance économique d’environ 3,6 %, principalement due aux énormes dépenses de l’État dans l’industrie militarisée, mais aussi en faveur de ses citoyens. Ainsi, un soldat combattant en Ukraine reçoit l’équivalent de 2.000 € par mois, un montant bien supérieur au salaire moyen. Dans de nombreuses régions, il peut également recevoir une prime pouvant atteindre 1.000 € s’il se porte volontaire. En cas de décès, sa famille touche environ 50.000 €, ou 30.000 € en cas de blessure grave. Ces compensations sont la principale motivation pour s’engager dans le conflit. Cependant, ces dépenses entraînent une inflation, actuellement autour de 8,6 %.Le pétrole et le gaz demeurent les principales exportations. Si les exportations de pétrole continuent par des moyens détournés, Gazprom a enregistré pour la première fois depuis 1990 une perte, car les exportations vers l’Europe, son principal client, ont presque totalement cessé. Avant la guerre en Ukraine, l’Europe importait environ 175 milliards de mètres cubes de gaz par an, dont il ne reste qu’une fraction (environ 28 milliards) destinée à la Hongrie, à la Slovaquie et à l’Autriche. Poutine a ordonné la construction de gazoducs pour desservir le marché intérieur, mais cela prendra du temps. La Chine pourrait acheter 30 milliards de mètres cubes via un gazoduc cette année, ainsi que du gaz naturel liquéfié, mais les négociations sur un deuxième gazoduc sont au point mort, car la Chine refuse de payer les prix souhaités par la Russie.Poutine prétend souvent que la Russie, avec sa taille, ses ressources et son peuple talentueux, peut se suffire à elle-même et n’a pas besoin du reste du monde. Cette mentalité, qui dépasse Poutine, condamne inévitablement la Russie à rester en retard. À une époque de développement technologique rapide, les échanges mondiaux sont essentiels pour rester compétitif.Les autorités russes identifient deux grands problèmes : le déclin démographique et le manque de main-d’œuvre. Pour y remédier, elles accordent des aides financières aux familles nombreuses. Ceux qui ont trois enfants ou plus sont exemptés de service militaire. Une loi récente rend même la promotion du "sans-enfant" passible de sanctions. L’exode d’environ 800.000 Russes vers l’étranger et les pertes militaires aggravent cette pénurie de travailleurs.Un autre problème majeur est l’exclusion de la Russie du système de paiements internationaux "Swift", rendant difficile le règlement des importations ou des exportations.La Russie revient à ce qu’elle appelle des "valeurs traditionnelles", ce qui inclut l’opposition à l’avortement et à l’homosexualité. Dans les écoles primaires, les cours de "sciences familiales" sont obligatoires et prônent les valeurs traditionnelles : pourquoi fonder une famille, comment se comporter envers ses parents et grands-parents, etc. Des cours d’instruction militaire sont également dispensés, visant à former des "patriotes".Sur le plan international, la Russie aspire à influencer les politiques mondiales et à maintenir une sphère d’influence à ses frontières, notamment dans ce qui était autrefois appelé "l’étranger proche", maintenant désigné comme "l’espace post-soviétique". Ce territoire inclut naturellement, selon Poutine, "ce qu’on appelle aujourd’hui l’Ukraine", qu’il considère comme partie intégrante de la Russie. Poutine ne s’arrêtera pas tant que l’Ukraine ne deviendra pas, comme la Biélorussie, un "État uni" avec la Russie.Cependant, comme l’a dit récemment un chercheur américain : "Les aspirations de la Russie ne correspondent pas à ses capacités."Nous remercions Monsieur Adriaan Jacobovits de Szeged pour ce partage de réflexion.