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02/12/2024

REGARDS CROISES

Deux enseignants partagent leur passion pour la lecture comme moyen de résistance face aux distractions numériques.


Je constate avec mes collègues à quel point l’écran pousse les adolescents à être sans cesse à l’extérieur d’eux-mêmes en sautant d’une vidéo à l’autre et en étant constamment distraits par les notifications incessantes. La lecture, au contraire, par l’effort silencieux et solitaire qu’elle propose est un véritable chemin pour se reconnecter à son intériorité, lieu des grands rêves et des grands désirs, si importants au seuil de la vie adulte.

Je suis émerveillée par l’imagination, la créativité et la vivacité de mes élèves qui sont de grands lecteurs. Je suis persuadée que la compagnie des livres stimule leur imaginaire et nourrit leur être. Cet été, j’ai d’ailleurs été marquée par une phrase du pape François (*) consacrée à la lecture. Elle nous donne de « voir à travers les yeux des autres », d’acquérir « une largeur de perspective qui élargit notre humanité ».

Pour eux, j’en suis persuadée, la littérature est une école de compassion et d’empathie.

 

(*) lettre du Pape François sur le rôle de la littérature dans la formation.


Annonciade d’Otreppe, professeur d’histoire à Agnes School. buibi



« Chaque lecture est un acte de résistance » (Daniel Pennac).

Il existe encore des écoles-bastions, en primaire comme en secondaire, qui ont choisi d’entrer en résistance face au déficit en lecture des nouvelles générations. Il existe encore des élèves éclairés qui à 10 ans se réjouissent de découvrir « Oscar et la Dame rose » ou « Wonder », et d’autres qui à 17 ans sont profondément marqués par l’exigence ciselée des 700 pages d’un livre-univers comme « La Horde du Contrevent ». Il existe encore des enseignants lucides qui n’ont pas oublié qu’il importe de toujours donner du sens à chaque lecture imposée par l’école : au-delà du plaisir ou de l’effort intellectuel, il s’agit de trouver un moteur assez puissant pour motiver un enfant ou un adolescent à plonger dans l’imaginaire d’un auteur. Un élève qui lit « Douze hommes en colère » revêtira en classe les habits d’un avocat en herbe et tentera le temps d’une plaidoirie d’aider un jeune accusé au préalable si mal défendu. Un élève qui lit « La Nuit des Temps » rivalisera d’ingéniosité lors d’un concours d’exposés à créer sa propre neo-utopie adaptée à la société moderne. Un élève qui lit « La Mort du roi Tsongor » verra défiler sous ses yeux un millénaire de mythes et d’images universelles qui structurent sa psyché. Il existe encore des élèves qui lisent.

 

Cédric de Séjournet de Rameignies, professeur de français à l’Institut Saint-André d’Ixelles



Nous remercions Claire de Ribaucourt pour ces propos recueillis

Cet article fait écho à celui publié dans la circulaire d'octobre 2024 (accessible uniquement aux membres) : « La lecture agrandit l’âme » - Voltaire.