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03/10/2024

Les JO de Paris 2024

Entretien avec le baron Pierre-Olivier Beckers-Vieujant, ancien président du Comité Olympique et Interfédéral Belge. 

Vous aviez des responsabilités particulières dans l’organisation des derniers Jeux Olympiques. Vous pourriez nous les rappeler ? 

Depuis fin 2017, j’ai assuré la présidence de la Commission de Coordination des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Mon rôle a été en premier lieu de garantir que la France et son comité d’organisation délivrerait bien en temps et en heure, et dans le budget annoncé, la vision développée par Paris 2024 dans son dossier de candidature. Par ailleurs, mon rôle était d’assurer le lien entre d’une part les parties prenantes principales du Mouvement Olympique, à savoir le Comité International Olympique (le CIO), les Fédérations internationales et les Comités Nationaux Olympiques, et d’autre part le comité d’organisation et les différents niveaux de pouvoir en France afin d’assurer la meilleure mise à disposition des ressources et compétences nécessaires à la bonne réalisation du projet.  


Comment évaluez vous les performances de nos athlètes belges y compris celles qui n’ont pas été gratifiées avec une médaille ? 

Il ne fait aucun doute que nos “Teams Belgium” Olympiques et Paralympiques ont merveilleusement performé durant ces Jeux. Dans l’ensemble, la taille de nos délégations, le nombre de médailles obtenues et en particulier le nombre de médailles d’or, le grand nombre de quatrième places, certainement frustrantes mais ô combien révélatrices du potentiel de podium de nos athlètes, et enfin le grand nombre de places de finalistes, tous ces éléments de mesure sont des marqueurs et démontrent combien les efforts et investissements renforcés depuis 20 ans sont en train de porter leurs fruits. Notre pays, et ses communautés ne voient plus le sport de haut niveau comme un signe d’élitisme discriminatoire, mais au contraire comme un moteur de bien-être pour nos jeunes et surtout un facteur d’inclusion et de solidarité. 

Paris 2024 fera très bonne figure dans les anales olympiques. Quel est selon vous son impact le plus significatif ? 

De l’avis général des observateurs internationaux, les Jeux de Paris 2024 sont les Jeux les plus extraordinaires de l’histoire des Jeux modernes ( qui ont commencé en 1896). Dès 2017, la vision de Paris 2024 a rejoint celle du CIO pour renforcer le rôle des Jeux Olympiques afin de leur donner une dimension plus inclusive, plus responsable, plus durable, plus urbaine, et plus utile. Pour la première fois dans l’histoire des Jeux, il y avait exactement le même nombre d’athlètes masculins et féminins. Les Jeux ont été organisés avec un budget, certes élevé mais couvrant des besoins réels d’infrastructures dans la région Parisienne, inférieur de plusieurs milliards d’euros par rapport à la dernière édition de Tokyo en 2021. Paris 2024 s’est engagée à réduire de 50% son impact carbone par rapport au passé et à développer une série d’initiatives remarquables sur le plan environnemental. Des centaines de contrats ont été octroyés à des très petites et moyennes entreprises et à des entreprises issues de l’économie solidaire et responsable. Et ce qui restera dans toutes les mémoires, ce qui différencie Paris de tous les autres Jeux, c’est d’avoir voulu amener le sport au cœur de la ville, dans des stades éphémères urbains, là où les gens vivent, et avec ce point fort en plus, d’avoir pu installer dans la ville Lumière le sport au beau milieu de paysages et bâtiments iconiques. La devise de Paris était : “Ouvrons grand les Jeux” ! Cette promesse a été pleinement tenue, avec des célébrations populaires et des manifestations d’amitié et de solidarité tout au long de l’été !



Comment expliquez vous la popularité des jeux paralympiques ?

La popularité extraordinaire des Jeux Paralympiques de Paris 2024 tient à plusieurs facteurs. Tout d’abord, je veux croire que les mentalités ont continué à évoluer ces dernières années et que la volonté d’inclusion, même si le travail n’est pas terminé, est plus forte que jamais. Ensuite, il y a la performance des athlètes. À chaque édition des Jeux Paralympiques, le niveau des compétitions augmente. Les athlètes font vibrer les supporters par leur mérite sportif intrinsèque. 
À cela s’ajoute que Paris 2024 a voulu résolument montrer un visage égalitaire : pour la première fois dans l’histoire des Jeux, l’emblème, la devise et les mascottes étaient identiques et communes ! 
Il est certain ensuite que le succès extraordinaire de ces Jeux Olympiques a déclenché les passions, en particulier celles de millions de Parisiens et autres supporters qui avaient abandonné Paris à la mi-juillet et qui se sont rendus compte de ce qu’ils avaient manqué ! Heureusement, avec les Jeux Paralympiques, il leur a encore été possible de regarder la deuxième mi-temps de ces Jeux ! Enfin, le fait de les vivre dans notre fuseau horaire nous a permis de les suivre avec beaucoup plus d’intensité. Il est clair que ceci sera un défi dans quatre ans à Los Angeles.

 

Quels sont les principaux défis auxquels l’idéal olympique pourrait être confronté à l’avenir ? 

Les Jeux Olympiques et dans leur sillage, l’idéal Olympique qui est de contribuer à rendre le monde meilleur par le sport, ont une visibilité qui permet de réaliser de grandes choses, mais qui fait aussi des jaloux et des envieux. Les Jeux Olympiques sont le plus grand événement pacifique au monde. La vision du CIO est un modèle de solidarité, qui se traduit par la volonté de redonner l’argent généré par le sport au plus grand nombre d’athlètes et au plus grand nombre de pays. Face à ce modèle, plusieurs pays ou organisateurs d’événements rêvent d’organiser des Jeux spectaculaires, où tout serait permis, y compris bien sûr le dopage sans limites, et dans lesquels quelques athlètes privilégiés et quelques fédérations de sport rafleraient toute la mise. Le Mouvement Olympique devra donc trouver les parades pour éviter que ce “tout à l’argent”, “tout à quelques-uns”, et “tout à la gloire de sombres objectifs politiques de quelques pays”, ne prennent le dessus. 
La récupération politique du sport, qu’hier encore nous croyons définitivement enterrée dans une ère post-soviétique et post-Allemagne de l’Est est en train de faire un retour en force.
Le dernier grand défi de l’Olympisme est de trouver le moyen d’intégrer la technologie des jeux vidéos et sports virtuels, qui contribuent à l’explosive obésité de nos jeunes, au sein même des Jeux et des nombreuses initiatives Olympiques, tout en maintenant au premier plan les valeurs fondamentales de l’Olympisme que sont le respect, l’amitié, l’excellence et la solidarité.


Avez-vous un souhait particulier ou une ambition personnelle pour le sport belge ?

Cela fait plus de 20 ans que je travaille comme bénévole au sein du mouvement Olympique car j’ai la conviction que les images positives du sport et les valeurs de l’Olympisme, qui représentent en fait les valeurs fondamentales de la vie, peuvent contribuer à construire un monde plus juste, plus solidaire, plus inclusif. Un monde peuplé de citoyens en meilleure santé physique et mentale, qui dès lors seront mieux à même d’offrir plus, lors de leur passage sur terre, à notre petite mais chère planète.

Cet idéal est intact et motive mon espoir de voir demain des “Teams Belgium” encore plus performants car l’image formidable de nos athlètes et para-athlètes a le potential de décider nos concitoyens à bouger….dans tous les sens du terme.

Nous remercions le baron Johan Swinnen pour cette fantastique interview.

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