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27/05/2025

Le château de Wynendaele

Interview de Monsieur (Jérôme) Matthieu de Wynendaele

Nous vous remercions d’avoir accueilli les membres de l’ANRB de Flandre occidentale chez vous, au château de Wynendaele, le 11 mai dernier. Cela nous a permis de découvrir ou de redécouvrir ce joyau de notre patrimoine. Pouvez-vous résumer l’histoire du château de Wynendaele en trois phrases ?

Le château de Wynendaele est situé à Thourout (Torhout), en Flandre occidentale. Il a été construit à la fin du XIe siècle par le comte de Flandre Robert le Frison. En mille ans d’existence, le château est passé entre de nombreuses mains : les comtes de Flandre, les comtes de Namur, la famille de Clèves, les seigneurs de Ravenstein, les Palatinat-Neubourg, etc. En 1833, le domaine a été acheté par le banquier et assureur bruxellois Josse-Pierre Matthieu, cofondateur de la Société générale. Je suis la sixième génération. Deux faits historiques marquants qui s’y sont déroulés m’obligent à dépasser les trois phrases autorisées : Marie de Bourgogne est décédée des suites d’une chute de cheval dans les bois de Wynendaele en 1482. Le 25 mai 1940, c’est ici qu’a eu lieu l’entretien entre le roi Léopold III et quatre de ses ministres, à l’issue duquel le Roi refusa de les suivre à l’étranger.

Quand avez-vous repris en mains la destinée de ce bien familial ?

J’aidais mon père dans la gestion de la propriété depuis 2016. Lorsqu’il est décédé à l’âge de 91 ans, en juin 2021, et que ma mère l’a rejoint quatre mois plus tard, je savais que c’était mon tour. Je suis leur seul fils, donc c’était très clair, depuis ma naissance, que j’allais reprendre Wynendaele. C’était un principe d’éducation, une évidence, mais comme toute évidence, je n’y pensais pas. Je me suis marié avec une femme merveilleuse et nous vivions et travaillions à Bruxelles. J’ai été avocat, comme ma femme, puis j’ai travaillé dans l’immobilier. Et puis, en 2021, Wynendaele m’est tombé dessus d’un coup. J’ai vite compris que sa gestion serait plus qu’un job à plein temps, et j’ai pris la décision de m’y consacrer entièrement, avec l’assentiment de ma femme et de mes deux fils, qui me soutiennent et comprennent ma passion pour Wynendaele. C’est un soutien évidemment indispensable. Et ce nouveau travail me rend très heureux. Changer de vie à 180 degrés à 55 ans, c’est merveilleux : ça m’a donné un coup de jeune et d’autres valeurs.

Beaucoup de West-Flamands connaissent Wynendaele à travers son musée. Existe-t-il toujours ?

Mon père avait conclu un accord avec la ville de Thourout pour l’installation, dans une partie du château, d’un musée consacré à son histoire et à la « dramatique entrevue de Wynendaele » de mai 1940. Ce musée, créé en 1982, était vieillissant et nécessitait des investissements. Sa fréquentation était faible, et la crise du Covid l’a achevé. La ville a fermé le musée en septembre 2021.

C’est tombé pile au moment où vous repreniez Wynendaele. Vous avez dû vous demander comment faire vivre un tel domaine, désormais ? 

L’objectif est simple : rendre Wynendaele économiquement viable, tout en nous permettant d’y vivre. Gérer et maintenir une propriété familiale est un travail, mais cela ne peut pas devenir un fardeau. Comme tout est classé, nous recevons des subsides, ce qui nous aide beaucoup, et nous oblige aussi à collaborer avec l’ANB (Agentschap voor Natuur en Bos ; agence du gouvernement flamand qui œuvre pour la conservation, la protection et le développement des réserves naturelles, des forêts et des parcs en Flandre, NDLR) et Erfgoed (Agentschap Onroerend Erfgoed ; l’agence flamande du patrimoine, NDLR). Les aides de l’État exigent beaucoup de paperasserie... Par ailleurs, je gère 110 hectares de terres agricoles et 110 hectares de bois. Mon activité agricole est donc importante.

Et puis il y a eu une rencontre « magique »…

En effet. Simon de Merode et sa société de production Historalia cherchait des châteaux pour y présenter des promenades théâtrales autour de la magie de Noël (Kerstmagie). Cette rencontre a été déterminante. J’ai vu – et beaucoup aimé – le spectacle 1830, que Simon a produit au château de Westerlo. C’est devenu mon objectif de présenter ce genre de spectacles à Wynendaele également. Ce grand projet s’est réalisé à l’été 2023, et ce fut un grand succès. Alors que le musée recevait 3.000 visiteurs par an, 23.000 spectateurs sont venus admirer le destin, en musique et en chanson, de Marie-Antoinette. Ce premier spectacle produit par Historalia a été du pain bénit pour Wynendaele. Ce que Simon fait est tout simplement fantastique.

Et donc, cet été, à Wynendaele, nous pouvons célébrer avec un peu d’avance les 200 ans de la Belgique ?

En effet. Le spectacle musical 1830 y sera joué – entièrement en néerlandais – du 14 août au 6 septembre 2025. Des gradins couverts seront construits à l’arrière du château, qui servira de décor. Chaque spectateur reçoit un casque audio, ce qui garantit une grande qualité sonore. Nous espérons 30.000 spectateurs, soit presque 1800 personnes par soir… Certes, les spectacles produits par Simon servent à mettre du ‘ciment entre mes briques’ mais je suis principalement rétribué par le sourire des spectateurs quand ils quittent Wynendaele. C’est vraiment magique !

Propos recueillis par Marie-Pierre d’Udekem

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