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03/10/2024

L'univers poétique d'Olivier Terlinden

Olivier Terlinden nous fait découvrir comment le merveilleux habite toujours notre vie !

Dieu, que cela fait du bien ! 150 pages de délices ….. ou comment pénétrer à pas feutrés dans un univers magique et amical. 

Voici le premier récit, qu’on peut qualifier d’initiatique, écrit par Olivier Terlinden, 36 ans, agronome et photographe-nature, assurément philosophe-poète car l’amour de la nature lui permet de transmettre de très belles pensées, telles : « la forêt…apportait un sentiment d’éternité » (p.96) ou « Mai est un mois pour travailler la terre, et un mois pour la contempler » (p.57).Tout commence par le désir irrépressible des trois écoliers fascinés par une propriété entourée d’un vieux mur et qui, selon la légende, recèlerait un trésor…Il s’agit du domaine d’Hermeline, autrefois abbaye ; il semble maintenant dédié à la nature qui s’y installe voluptueusement.Un vieillard, châtelain-jardinier y habite encore et, en pleine tempête, recueille le jeune François. Une belle complicité naîtra entre eux et, avec douceur et affection, l’aïeul initiera François à la beauté de la nature : « …au-delà du mur et des arbres entrelacés… quelque chose en ces lieux respirait »(p.22). 

Voilà, on est prêt à entrer dans l’émerveillement. 

« Au-delà du vieux mur », le titre de votre livre est déjà un peu magique et le lecteur se sent prêt à enjamber le mur en question. Comment est née chez vous l’envie d’évoquer cela ? 

Ces dernières années, j’ai passé de longues heures à marcher en forêt autour du village de Néthen, un petit carnet à la main. J’ai photographié les arbres, les collines, les vallons, les animaux qui les peuplent. J’ai goûté aux odeurs du bois, palpé les troubles et les joies que l’on ressent parfois en marchant dans des lieux imprégnés d’histoire.Je suis né à Néthen. Les premières années de la vie sont essentielles dans la construction de l’imaginaire. Le village abrite un domaine insolite, un ancien couvent entouré d’un long mur de briques. J’ai eu la chance d’avoir un pied à l’extérieur du domaine, et un pied à l’intérieur. D’imaginer les mystères que l’on envisage depuis l’extérieur, connaitre les merveilles que l’on rencontre à l’intérieur. Par ce roman, je souhaitais inviter le lecteur à vagabonder en ces lieux, entre rêve et réalité. 

Vous scandez l’histoire en trois parties : la rencontre, la croissance, l’envol et cela s’apparente aussi bien au vécu de la semence qu’à la croissance de François, l’enfant émerveillé et durement touché par la vie. L’optique de la transmission vous a-t-elle habité dès le début de votre écriture ? 

La nature, le silence, le temps qui passe ont été mes premiers lieux d’inspiration. Puis le récit s’est peuplé de personnages. François, ses amis d’enfance, le vieil homme. « Sans doute le vieux avait-il senti ma solitude. Il m’adopta comme un fils. » Ce vieil homme est une figure d’amitié et de transmission. 

Quand François rencontre le vieil homme qui l’accueille lors de la tempête, qu’il entend « son pas serein » sa voix paisible et qu’au fil du temps il en vient à l’appeler « Bon-Papa » on a l’impression que ces souvenirs chaleureux font partie de votre enfance : est-ce possible ? 

Quand j’étais enfant, mon grand-père me racontait des histoires. Quand on se promenait avec lui, tout prenait la grandeur des légendes : tel chêne abritait la fée Bleuette, telle souche le troll Barbapoux. Bon-Papa était un homme bon. Il m’a inspiré en partie le personnage du vieil homme, et sa mythologie a influencé celle du domaine d’Hermeline. Sans doute m’a-t-il transmis quelque parfum d’un passé aujourd’hui effacé. 

« La terre est pareille à une femme. Ce n’est pas tout d’y poser les mains, il faut pouvoir l’admirer » (p.57) 

Voulez-vous signifier par là l’importance vitale de prendre du recul par rapport aux évènements et vanter cette vertu fondamentale qu’est la patience ? En tirez-vous une leçon ou une « morale » à la façon de La Fontaine ? 

Je ne suis pas sûr que les livres aient pour vocation de proposer des leçons, des morales. La littérature, comme la peinture ou la musique, a pour vocation d’être, pour la beauté de l’être. Elle est fenêtre ouverte sur la lumière. Ceci dit, je pense qu’on ne peut produire du fruit qu’en aimant. Et que l’amour demande de la patience. C’est valable dans la relation de couple, dans l’amitié,... mais aussi dans le lien à la terre, au bois, aux mots, matières que travaillent le paysan, l’artisan, le poète. 

En tant que photographe, y a-t-il un lieu privilégié dans lequel vous pénétreriez avec le plus de joie et de respect ? 

J’aime les lieux bercés d’ombres et de lumière, les lieux dressés vers le ciel, les lieux qui racontent des histoires. Un pareil endroit pourrait être une abbaye du XIIème siècle, habitée ou en ruine, sur le sommet désert d’une montagne. 

Photographe et agronome, l’émerveillement sous-tend votre vie. Pouvez-vous expliciter cela ? 

L’émerveillement a cette faculté de détourner l’homme de lui-même, de ses ambitions, ses préoccupations. De le tourner vers plus grand, vers le beau, vers l’autre. C’est l’élan qui pousse le fiancé vers sa belle, retient la nuit venue l’artisan sur son œuvre, invite le paysan à contempler sa terre, offre au moine une larme dans la prière. Pour Maurice Zundel, l’émerveillement n’est-il pas l’expérience spirituelle par excellence ? 

Un grand merci à Claire de Ribaucourt pour cet interview. Il ne nous reste plus qu’à découvrir ce livre !

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