Découvrez le débat nucléaire vs charbon avec le comte Patrice d’Oultremont. Parcourez les paradoxes des politiques énergétiques, les défis des énergies renouvelables et les solutions pour éviter une pénurie électrique imminente. Un regard concis sur les enjeux clés de notre avenir énergétique.

« Nucléaire ou charbon : quid pour l’électricité de demain ? »

Entretien avec le comte Patrice d’Oultremont, docteur en sciences physiques.

Patrice d’Oultremont a œuvré dans les domaines de l’énergie et de l’information aux Etats - Unis et en Europe. Il suit activement les politiques actuelles de l’énergie et de leur impact sur les sociétés.

PhdP : bonjour Patrice ! Le sujet étant vaste, je me limite à vous demander votre réaction par rapport à la déclaration que Marie-Christine Marghem (ministre fédérale de l’énergie de 2014 à 2020) a faite à Pascal Vrebos le 10 octobre 2023 sur LN24, affirmant qu’il va falloir faire fonctionner à pleine capacité les centrales nucléaires belges, et même en construire de nouvelles, si on veut éviter une pénurie d’électricité à partir de 2027. En effet, au même moment, l’entrepreneur tchèque Daniel Kretinski achète à bas prix, en France, deux centrales au charbon destinées à la retraite. Que penser de ce paradoxe ?

PO : Le paradoxe n’existe que parce que MCM parle en Belgique pour la Belgique alors que DK opère en France. Côté belge, la politique de l’électricité est, en effet, depuis près de vingt ans, dominée par deux peurs : celle du nucléaire (accident et déchets) et celle du climat (émissions de CO2). Résultat : sortie du nucléaire et déploiement des énergies renouvelables (ENR). Côté français, le binôme retenu est : nucléaire et ENR. Mais le choix belge (en cours de révision partielle) se heurte à un défaut incontournable des ENR : celles-ci ne permettent de produire de l’électricité que si la nature (vent et/ou soleil) le veut bien. Or, ces deux sources d’énergie primaire fonctionnent de manière aléatoire. Ce qui est incompatible d’une part avec le besoin d’usage 24h/24h de l’électricité et d’autre part avec l’obligation technologique de stabilité quasi parfaite de la tension de l’électricité transportée et distribuée par les réseaux. C’est là que l’affaire se corse. En effet, si vous supprimez le nucléaire (peur n°1), vous supprimez la production de la moitié de l’électricité « stable » et « pilotable » consommée en Belgique. Si, de plus, vous souhaitez remplacer cette moitié par des ENR (peur n°2) instables et non pilotables, la situation créée n’est plus gérable. Que faire alors pour sortir du piège dans lequel des gouvernements successifs, élus par les citoyens rappelons-le, ont mis la Belgique ? On le voit bien : tenter de faire marche-arrière. C’est techniquement possible suivant trois axes : conserver une partie au moins des centrales nucléaires existantes. C’est le message de MCM. C’est du bon sens nécessaire. Réduire le recours aux ENR (particulièrement l’éolien) à ce qui est raisonnablement acceptable des points de vue de l’environnement humain et la biodiversité. C’est du bon sens vital pour la ruralité, la mer et la nature en général. Mettre en place des centrales au gaz (en Belgique le charbon est, à juste titre, éliminé) destinées principalement à corriger l’aspect aléatoire de la production d’électricité à partir d’ENR. C’est un pis-aller indispensable.

C’est sur ce troisième point qu’intervient DK, en France rappelons-le. Voici comment DK est un industriel (entre autres choses) de l’énergie. Sur le charbon, il sait trois choses :
Le charbon n’est pas cher et facile à trouver en Europe ; Les centrales à charbon ne sont pas chères (surtout sur le marché d’occasion) et faciles à gérer et entretenir. Ces centrales sont « pilotables », c’est-à-dire capables de produire lors de besoins d’électricité aléatoires résultants de la production aléatoire des ENR. Mais il sait aussi que les MWh vendus sur les réseaux lorsque ceux-ci sont à court de fourniture à partir d’ENR le sont à des prix SPOT très élevés (deux ou trois fois le prix « moyen »). Ainsi, la boucle est bouclée. MCM et DK s’intéressent donc, par des voies opposées, au même phénomène : les défaillances « par nature » des ENR. MCM tente de redresser une politique ENR mal conçue pour de mauvaises raisons en Belgique. DK investit dans un créneau très rentable créé ex nihilo par un usage inapproprié des ENR en France.


PhdP : Cher Patrice, il ne me reste plus qu’à vous remercier pour ces explications bien précieuses pour une meilleure compréhension des défis actuels !

Article(s) lié(s)

25 Ans d’Élégance Généreuse : la comtesse Myriam de Marnix de Sainte Aldegonde et le Vestiaire de l’ANRB.

Explorez l’univers du Vestiaire de l’ANRB avec Myriam Casier. 25 ans d’engagement pour cette Grande Dame. Découvrez...

Simplifiez vos successions : Une Révolution Nationale de l’Héritage

Wladimir Janssens de Bisthoven, Felipe del Marmol et Boris De Vleeschouwer souhaitent révolutionner les successions....

Missions

Qui sommes-nous ?

Petites annonces

Descriptif section

Espaces à louer

Salons à louer pour vos événements

Activités 

Agenda des activités organisées par L’ANRB

Nos Partenaires