C’est ce qui vous attend si vos pas vous mènent à Bruxelles vers la si belle abbaye de La Cambre, ancien monastère de moniales cisterciennes nobles, fondé au début du XIIIe siècle à la source d’un ruisseau, le Maelbeek. Vous y découvrirez la rétrospective magistrale d’un artiste français : MALEL, surnommé à juste titre le peintre de la joie. Cet artiste contemporain, né en 1958 et père de quatre filles, réalise des tableaux de couleurs vives, lumineuses, joyeuses, d’ailleurs, on ne peut s’empêcher de sourire et même de méditer en les regardant, tout simplement parce qu’elles sont vraies et parlent au cœur.
Au fond de la cour d’honneur encadrée de belles constructions symétriques s’ouvre, à gauche du palais abbatial, le portail de l’église : il fait sombre…mais non ! car au fond de la nef, dans le chœur, se déploie une immense toile (8m x 8m) : la RENCONTRE, choc on ne peut plus doux avec le regard plein de tendresse et d’attention d’un homme jeune, le Christ, qui nous suggère : « donne-Moi ton fardeau ».

Dans le regard du Christ, Malel voit « Quelqu’un qui ne juge pas, Il nous laisse le tempo mais Il nous attend ». La sérénité est au rendez-vous…Et tout, dans cette exposition, est à l’avenant.

Dans l’église encore, deux tapisseries réalisées à partir de plusieurs dizaines de laines, de soies, de cotons différents, ce qui leur donne une chaleur palpable ; c’est le cas notamment de la tapisserie du Saint-Sacrement bleu qui donne une véritable impression de rayonnement ainsi que celle en hommage aux moines de Tibhirine qui lui fait le pendant.

Dans le cloître, que l’on imagine encore arpenté par les pas menus et mesurés des religieuses du temps jadis, se succèdent environ 70 peintures, dessins, portraits, vivants témoins de ce qui porte et anime l’artiste : l’harmonie des couleurs induit l’harmonie entre les personnes. C’est quand l’être humain est dans la communion et l’amour qu’il donne le meilleur de lui-même, constate Malel dont la recherche s’articule autour de la gratitude, du don, des regards, de la nature et de la lumière

Balzac écrivait que c’est sur l’eau qu’on apprend à nager dans le ciel : c’est sans doute pour cela que Malel n’hésite pas, chaussé de cuissardes, à planter son chevalet dans une rivière pour capter les remous, le mouvement incessant de l’eau qui nous vivifie et évoque bien sûr l’eau du baptême.

« La joie est la paix en mouvement, la paix est la joie au repos » notait l’écrivain Yvan Amar dans une sobre et belle formule. C’est indéniablement ce que l’on ressent en visitant cette magnifique exposition qui propose également une démarche originale : la création d’un arbre en verre, grandeur nature, dessiné et colorié par le peintre, pour les cliniques universitaires Saint-Luc, dans les futurs jardins du nouvel Institut de psychiatrie intégrée.
Malel travaillerait-il aussi le verre ? Mais oui ! car à l’issue d’un colloque sur l’art sacré il se lie d’amitié avec un maître-verrier et se lance dans la création de vitraux.

« Est-ce cela le pouvoir de l’amour ? Une énergie qui porte les rêves à destination ? » s’interroge Alia Cardyn dans son livre émouvant « Mademoiselle Papillon ».
Sans nul doute, c’est cette certitude qui porte le peintre de la Joie.
Et le visiteur, imprégné de cette harmonie regagne, gorgé de splendides et fascinantes couleurs, la cour de l’abbaye.

L’exposition est accessible gratuitement jusqu’au 23 juillet et est ouverte du lundi au samedi de 11h à 18h, et le dimanche de 12h à 18h y compris les jours fériés.