Vous êtes-vous déjà demandé à quoi aurait ressemblé le concerto pour violon des quatre saisons d’Antonio Vivaldi s’il l’avait composé trois siècles plus tard ? Peut-être aurait-il dû intervertir certains mouvements et en modifier le tempo afin qu’il corresponde au rythme des saisons actuelles. Les personnes ayant la chance de posséder ou d’exploiter un espace extérieur n’éprouveront aucune difficulté à saisir cette métaphore.

Avec une température moyenne de 16,3°C, l’année 2022 fut l’année la plus chaude jamais enregistrée dans notre Royaume. Selon le Service Changement Climatique (C3S) de l’observatoire européen Copernicus, mars 2024 poursuivit la série avec une température moyenne augmentée d’1,68°C par rapport au XIXe siècle.
On le sait, une atmosphère plus chaude retient plus de vapeur d’eau et entraîne, entre autres, des averses puissantes. La fréquence des événements climatiques extrêmes comme les tempêtes, le gel, la neige ou les orages violents semble également avoir été revue à la hausse par Dame Nature.
La répartition des agresseurs se voit aussi modifiée suite aux changements climatiques. Les ravages provoqués par ces ennemis des plantes s’observent à présent dans nos régions.
Cela fait déjà cinq ans que le grand défilé « haute-bouture » annuel ressemble à un cortège de vieilles branches dégarnies se déambulant maladroitement sur un tapis de mousse déroulé en leur honneur. Après la pyrale du buis, le scolyte, le frelon asiatique, la rouille, le mildiou etc., d’autres parasites, champignons ou chancres s’évertuent à décimer une espèce après l’autre.

Alors, derrière quel buisson se cache la solution ? Faut-il drainer son jardin pour combattre les inondations ? Déclencher des pluies artificielles en ensemençant les nuages en cas de sécheresse ? Acquérir un canon à chaleur ou placer des câbles chauffants pour protéger ses cultures lors des gelées d’avril ? Couvrir nos plantes ornementales de produits antifongiques et d’insecticides anti-ravageurs en tous genres ?

Selon le baron Nicolas de Villenfagne de Vogelsanck, Architecte Paysagiste, gérant fondateur du bureau d’étude le Vostre et président du Comité René Pechère, il existe plusieurs mesures à prendre pour aider les plantes et leur environnement à s’adapter plus facilement tout en améliorant la biodiversité et donc aussi la qualité de nos jardins.
Pour commencer, il faut observer son lopin de terre et l’intégralité de ses occupants afin de déceler les bouleversements capables d’agenouiller notre faune et notre flore.
Ensuite, il faut, en quelque sorte, enseigner la résilience à son carré de verdure afin qu’il s’adapte naturellement à la brutalité de tous ces changements. Cela passe notamment par la conservation des habitats naturels afin de préserver les corridors biologiques existants, la maîtrise des espèces envahissantes, mais surtout l’adoption de la philosophie permaculture.
Soyons donc attentifs aux « sols vivants » et aux cycles de l’eau, carbone, azote etc. Ceci nous amène avant tout à protéger le sol de l’érosion et du soleil grâce à différentes pratiques bien connues telles que l’agroforesterie et d’autres techniques ancestrales auxquelles nous revenons afin d’exclure les intrants dommageables.

À long terme, lorsque ces changements se seront installés définitivement, il faudra alors adopter, en plus de ces nouveaux réflexes, des variétés capables de s’adapter. L’offre des pépiniéristes évolue déjà, tout comme les compostions réalisées par les architectes paysagistes. À ce propos, la commune de Boitsfort, appuyée par Bruxelles Environnement, autorisa récemment l’insertion de ces « nouvelles » variétés dans un jardin privé. Nos jardins botaniques, nos arboretums et les recherches scientifiques contribuent à les observer. Par ailleurs, en juin 2024, un colloque international, ouvert à tous, est co-organisé par le Comité René Pechère et l’Institut Européen des jardins et paysages (IEJP) pour étudier de plus près l’évolution des jardins entre 1945 et 1975.

Comme vous l’aurez sûrement constaté, depuis quelques années, certains viticulteurs amateurs belges démontrent leur savoir-faire et profitent (avec sagesse) du réchauffement climatique pour cultiver des vignes sur leurs terres familiales. Les deux cépages les plus répandus sur notre territoire sont le Chardonnay et le Pinot Noir malgré que le Garanoir, Cabernet Cortis, Solaris, Muscaris ou Sauvignac soient naturellement plus résistants. Le vin, ça conserve dit-on… que les épicuriens se réjouissent. Voilà de quoi terminer sur une note d’optimisme : si les belges sont capables de passer de la Piedboeuf au pied de vigne, ils délaisseront sans peine leurs gazons tondus façon terrain de golf au profit du fauchage tardif ou raisonné.


Site web du Comité René Pechère : www.comitepechere.be
Colloque international sur l’évolution des jardins : https://landscapedesign.sciencesconf.org/
Site web du bureau le Vostre : www.levostre.be

Nous remercions le comte Pierre-Alexandre de Lannoy pour la rédaction de cet article.

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