Pourquoi s’aventurer seule, à 24 ans, sur le chemin de Compostelle ? Marie de Wasseige réalise un rêve de longues dates.

Un chemin long de 1515 kilomètres !

Marie de Wasseige ( 24 ans ) a parcouru 1515km l’été passé sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Pourquoi ?

Philippe de Potesta : Après avoir terminé votre Master, Marie, pourquoi avoir fait le choix du
dépassement de soi plutôt que de profiter d’ ;agréables et reposantes vacances ?

Marie de Wasseige : Le choix de ce projet, paraissant un peu fou pour certains, était un rêve de longue date pour moi. Après avoir sillonné le GR65 avec des amies durant une semaine et avoir parcouru une portion du chemin espagnol avec ma sœur, l’envie me prit de m’aventurer seule sur ce sentier magique. Le rêve d’arriver à pied devant l’imposante cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle était devenu une étape importante avant de me lancer dans la vie professionnelle.
Une fois mon diplôme en poche, je souhaitais prendre du recul quant à ma vie de tous les jours, me plonger dans l’inconnu et m’exposer à mes propres limites pour apprendre à me connaître davantage.

Me mettre en marche vers la capitale de la Galice avait beaucoup de sens pour moi car ce défi ne se limite pas seulement à une épreuve physique. Ce challenge englobe aussi des dimensions personnelles, culturelles et spirituelles. Le pèlerin marche en direction de quelque chose et c’est cette quête qui m’attirait !!

Ph de P : On a beaucoup écrit et parlé à propos du chemin de Saint Jacques. Alors,
pourquoi avez-vous accepté immédiatement de répondre à cette interview ?

M de W : Il me faudrait au moins autant d’heures que celles passées sur le chemin pour témoigner de cette expérience. A travers ces quelques mots, j’espère transmettre une petite part des émotions ressenties et des nombreux enseignements reçus du chemin. J’ai accepté votre demande dans l’espoir que d’autres, qui ont aussi ce rêve en eux, osent franchir le premier pas. Ce pas consiste à prendre la décision de quitter sa maison, de sortir de sa zone de confort pour se mettre en chemin.

Ph de P : Et enfin , quel enseignement personnel avez-vous retiré de ce beau projet mené à terme ?

M de W : Le 14 juin, à 7h00 du matin, j’assiste à la messe suivie de la bénédiction des pèlerins dans la belle cathédrale du Puy-en-Velay en Haute-Loire. A la fin de la célébration, l’évêque demande comme chaque jour, l’origine des septante pèlerins présents. Certains venaient des Etats-Unis et même d’Australie. J’’étais très surprise.

Que viennent-ils chercher sur ce sentier européen ?
Chaque matin offre au pèlerin son lot d’opportunités, mais aussi d’interrogations. Lorsque je me mets en marche, je ne sais jamais où je dormirai le soir-même. Cela m’apprend à lâcher prise et à faire confiance tout en me laissant guider par les balises rouges et blanches du GR65 en France et par les flèches jaunes en Espagne. Les contraintes physiques du chemin imposent un certain dépouillement matériel.

Pendant ces 58 jours de marche, je me suis retrouvée avec pour seul bagage un sac à dos de 6 kg et j’ai logé dans des auberges modestes, parfois sans électricité. Ce dénuement m’a permis de me focaliser sur l’essentiel : les relations humaines. En effet, les moments de partage, les soirées conviviales autour d’un repas simple et l’esprit d’entre-aide m’ont profondément marquée : l’attention fondamentale du pèlerin est portée sur « l’autre » plutôt que sur lui-même ou sur ce qui est matériel.

Chaque kilomètre parcouru est une leçon. En mettant systématiquement un pied devant l’autre, j’apprends à mieux me connaître et à prendre conscience de mes forces et de mes faiblesses. Deux endroits me restent particulièrement en tête comme étant des défis à surmonter tant sur le plan physique que psychologique. Tout d’abord, la traversée des Pyrénées m’apprend l’humilité. Cette montée escarpée qui permet d’atteindre le col de Roncevaux m’enseigne, que, lorsqu’on veut accomplir de grandes et belles choses, il faut respecter son propre rythme afin d’éviter de se blesser.

Ensuite, la fameuse Meseta, réputée pour ses longs chemins monotones, m’enseigne la persévérance.
Lorsque je m’y engage, le soleil est impitoyable et les zones d’ombres sont très rares dans ce paysage quasi désertique. Cette portion du chemin, s’étalant sur plus de 200 kilomètres, m’apprend que chaque pas posé me rapproche de l’objectif poursuivi, qu’il faut avancer malgré tout, même lorsque le chemin semble long et interminable. Une fois arrivée devant la majestueuse cathédrale de Santiago, je me rends compte que toutes les petites difficultés du chemin deviennent complètement insignifiantes face à ce bel accomplissement !

Durant ce périple je traverse une belle nature : l’Aubrac, la Lozère, le Gers, le pays Basque, la Rioja, la Castille et Léon et finalement la Galice, particulièrement belle à mes yeux. Cependant, ce sont les rencontres du chemin dont je me souviendrai toujours !

Après deux mois de marche je pense mieux comprendre les raisons pour lesquelles des pèlerins viennent de si loin : le Camino est « un chemin extraordinaire pour des gens ordinaires » et je le recommande à chacun !


Nous remercions Philippe de Potesta pour cet article, ainsi que Marie de Wasseige pour ce fabuleux partage d’expérience.

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