"Ma Belgique"
Son nom indique qu’elle est belle mais qu’elle a un « hic ».
Quand dans un pays, les villes changent de nom au gré des latitudes, quand son urbanisme est aussi varié que surprenant, que 104 langues y sont parlées, il ne peut qu’abriter des habitants aussi disparates qu’individualistes.

Néanmoins, tout se prête à aimer ce pays si varié et attachant bien qu’il n’ait que peu d’attaches, peu de passé et un avenir incertain : dixit Charles-Maurice de Talleyrand.
D’ailleurs le premier de nos rois ne fut point proclamé Roi de la Belgique mais bien
Roi des belges. En effet déjà à l’époque ses habitants tenaient à être reconnus comme des entités individuelles qui choisissaient leur chef. Imposer une tutelle unitaire à toutes ces collectivités locales ne fut pas chose aisée.

Dans ce pays où les gens se reniflent, mieux vaut avoir le nez fin et la truffe humide pour pouvoir tracer chacun de ses compatriotes.

Sans distinction ou classement, découvrons ce pays où cohabitent les restos chinois et les vendeurs de kebab, les friteries et les pizzerias. S’y mêlent des boucheries classiques ou halal, des boulangeries avec ou sans gluten, des coiffeurs afro et quelques barbiers.
Tous ces citoyens de formes, de tailles et de couleurs différentes voteront pour défendre leurs idées et exprimer leurs idéaux.

Des jeunes iront voter pour la première fois. Ils choisiront leurs jetons pour rejeter cette société. Ils préparent leur avenir et s’y projettent allègrement certains de pouvoir améliorer l’environnement, la mobilité, les plans de carrière et les gaz à effet de serre.

Les plus âgés aussi iront donner de la voix pour peu qu’il leur en reste. Souvent figés dans leur bonne conscience comme le pâté dans sa croûte, ils ne changeront rien à leurs bulletins. Bons ou mauvais, ils ne seront plus punis. La notion de temps s’estompe mais pas leur incompréhension devant le manque de civisme et la détérioration de la fonction publique.

L’ensemble du pays est convié à s’exprimer, ce brassage donne la même voix aux aventuriers comme aux bourgeois, aux artistes comme aux faussaires. Tous égaux devant la loi.

Certains grands bourgeois se rendront aux urnes avec l’assurance tranquille du devoir accompli. Parmi eux de rares arrivistes qui portent beaux. Tout en eux suinte la prétention jusqu’à leur mousse à raser.

Les petits bourgeois eux, sont angoissés par la nouveauté. Ils s’accrochent avec force aux branches non de leurs ancêtres mais bien de leurs acquis.

D’autres encore aux mains déformées par le travail, aux genoux usés par le torchon, les épaules voûtées se dirigeront, par devoir, vers les bureaux de vote, aussi par devoir mais le coeur sans espoir.
Se dirigeront également vers les isoloirs quelques aristocrates. Certains continuent à s’exprimer en majuscules et présenteront leurs voeux avec cet air détaché que beaucoup leur envient. Pourtant plus aucun d’entre eux ne méprise encore le travail et avec courage se lancent dans la mélasse.

Les artistes aussi devront pour une fois remplir les cases. Les uns peindront des ronds rouges ou bleus. D’autres danseront et n’ayez crainte de ceux qui chantent en canon. Ils ne songent qu’à nous enchanter. Ils expriment pour nous ce que nous réprimons et nous proposent ainsi en une nouvelle façon de voir le monde.

Leurs cousins germains ou bretons, artisans en tout genre remettront la chaîne et la trame sur le métier. Pour eux les numéros des cartons n’ont pas de secrets et ils en saisissent toute la portée.

S’y rendront également les tracteurs et détracteurs, trop heureux de délaisser leurs sillons pour filer défiler sur les pavés. Les quatre saisons, ils les connaissent et cette musique, il ne faut plus trop la leur chanter.

Il y a aussi les extrémistes pour qui il est facile d’être radical. Peut-être plus difficile d’avoir le courage suprême de la nuance.

Il y a les éternels insatisfaits qui sans doute voteront blancs pour cadrer leurs idées noires. Il y a les éternels satisfaits à l’ego boursoufflé. Ils rayonnent de tout et de rien, persuadés qu’eux seuls pourraient sauver le monde.

Aussi incroyable que véridique, les femmes aussi iront voter.
En effet depuis 1948 la loi le leur permet bien avant la levée de l’interdiction en 2013 du port du pantalon en public. Passer de la jarretière au string prit nettement moins de temps.

Dans un cas comme dans l’autre, quelle peur inspire-t-on aux hommes pour qu’ils nous aient, depuis la nuit des temps, interdit de nous exprimer ?
Il faut croire que le corps est bien politique.

Ce sont toutes ces voix et votes différents qui construisent ce pays « « pas à pas » comme à la marelle, une fois à droite, une fois à gauche, parfois au ciel, parfois en enfer.
Riche de 184 nationalités, il est difficile parfois de s’y retrouver.

La belgitude ne peut se définir et c’est bien cela son secret. Seule certitude, la Belgique peut vous apparaître singulière mais elle-même se veut plurielle.


Nous remercions Patricia de Prelle pour la rédaction de cet article.

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